Illustration de JONK Illustrations intérieures de JONK
JONK Éditions
(Paris, France) Dépôt légal : avril 2022, Achevé d'imprimer : mars 2022 Première édition Livre d'art, 224 pages, catégorie / prix : 35 € ISBN : 978-2-9576450-2-2 Format : 30,2 x 21,6 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
2026, près de Paris. Un conflit mondial et l’hiver, nucléaire successif vont bientôt causer la fin de toute vie sur Terre. Pris au dépourvu, un scientifique spécialiste de la cryogénie décide d’être le premier cobaye humain de ses expériences et programme un réveil dix ans plus tard. Quand il rouvre les yeux, le monde n’est plus le même à bien des égards mais surtout, il est seul. Il va alors entreprendre un long périple pour revoir les villes qui lui sont chères et tenter de découvrir le Japon, le rêve de sa vie d’avant.
Va-t-il y arriver ? Comment va-t-il survivre ? Et se déplacer ? Mais surtout, est-il vraiment seul ?
Le photographe Jonk, avec l’aide d’Amélie Gressier à la rédaction, nous emmène avec lui dans ce voyage qui réserve bien des surprises...
Critiques
Jonk est un photographe trentenaire qui vit à Paris, mais parcourt le monde à la recherche de sites d'art urbain, tout en grimpant aussi sur les toits et descendant dans les catacombes. De fil en aiguille, il en vient à visiter de nombreux lieux délaissés par les êtres humains, vestiges de civilisation abandonnés hors du temps, où la nature reprend peu à peu ses droits, indifférente à tout ce qui a pu être construit, et qui finit par céder devant l'avancée inexorable des ronces, arbustes et plus majestueux arbres. C'est le point de départ de ce livre intrigant : Jonk s'est rendu compte qu'il y avait matière à raconter une histoire à partir de ses clichés, a donc conçu la trame lors d'un voyage dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, en a produit plusieurs pages de notes et s'est adjoint la collaboration d'Amélie Gressier pour la rédaction de l'histoire. Un ingénieur spécialiste de la cryogénie teste lui-même son dispositif expérimental et s'endort pour dix ans ; peu de temps après son endormissement, en 2026, une guerre mondiale éclate, un conflit nucléaire qui détruit toute vie sur Terre. À son réveil dans Paris, il retrouve donc un monde gelé dans le temps, où il va errer, tentant de trouver de la nourriture, soit des conserves, soit avec les plantes sauvages qui poussent désormais un peu partout. Parce qu'il lui faut bien se trouver un but, il décide de se rendre au Japon, où il a toujours voulu aller, mais en passant au préalable dans des lieux qui lui rappellent de bons souvenirs : Rome, Barcelone, Venise, puis Budapest, ou encore Prypiat, la ville proche de Tchernobyl. C'est donc à un long trip solitaire que nous convie Jonk. Le texte de Gressier est bien écrit, intéressant dans sa description d'un homme livré à la solitude mais pas désespéré pour autant, qui prend le temps de découvrir ce qui l'entoure et de se laisser porter par ses envies sans se poser de questions. Les mots prennent environ un quart du livre, le reste étant bien évidemment pris par les clichés du photographe, tous pleine page, qui illustrent et répondent au texte. Avec un parti-pris étonnant : il s'agit toujours d'autoportraits. À savoir que Jonk se photographie dans de très nombreux lieux qu'il découvre comme le protagoniste de l'histoire, des lieux tour à tour évocateurs, envoûtants, terribles (dans ce qu'ils disent de l'homme et de sa propension à laisser à l'abandon des endroits autrefois grouillants de vie), beaux (voir la nature s'enchevêtrer avec le métallique est souvent source d'émerveillements) et aussi inquiétants. Avec cette omniprésence de sa silhouette, souvent prise de dos ou de trois quarts arrière, on pourrait croire à du nombrilisme, mais il n'en est rien, Jonk se pose plutôt comme observateur de ce que ces paysages racontent de l'être humain, de son histoire et de son renoncement. Et, au final, de sa place sur la planète. Centrale bien sûr, tant elle est prégnante car au centre de toute chose et de tout point de vue ; mais minimale, finalement, car quoi qu'il fasse la nature finira par prendre sa revanche. Les photos de Jonk en sont une très belle illustration, réussissant à figer tout cela dans des scénographies mêlant tous les matériaux, verdure, minéral, métallique, plastique... et humain.