BUCHET-CHASTEL
(Paris, France) Date de parution : 3 mai 2018 Dépôt légal : avril 2018 Première édition Recueil de nouvelles, 122 pages, catégorie / prix : 13 € ISBN : 978-2-283-03029-5 Format : 14,2 x 20,5 cm❌ Genre : Imaginaire
Existe en numérique au prix de 9,49 € (ISBN : 978-2-283-03000-8).
Quatrième de couverture
Un chauffeur de taxi bolivien que les visions d’une passagère indienne hantent jour et nuit, un groupe d’enfants fascinés par la mort de leur petit camarade, une femme en mission sur Mars à qui apparaissent des fantômes d’animaux, ou encore une étudiante que la bigoterie maternelle entraîne dans la folie…
Recueil de contes modernes à l’étrangeté inquiétante, Notre monde mort est habité d’une tension palpable à chaque page.Le lecteur y pénètre en témoin et en ressort complice tant cettejeune auteure sait révéler les brèches qui ponctuent la réalitéplacide de notre quotidien.
C’est une voix forte, dérangeante,qui anime chacune de ces huit nouvelles. On y retrouve des obsessionschères à la littérature latino-américaine : le tiraillemententre modernité et tradition, l’interpénétration des cultures occidentaleset indigènes, l’obsession de la mort et d’une natureanimée.
1 - L'Œil (El ojo, 2016), pages 13 à 19, nouvelle, trad. Juliette BARBARA 2 - Alfredito (Alfredito, 2016), page 21, nouvelle, trad. Juliette BARBARA 3 - La Vague (La ola, 2016), page 33, nouvelle, trad. Juliette BARBARA 4 - Météorite (El meteorito, 2016), page 51, nouvelle, trad. Juliette BARBARA 5 - Cannibale (El caníbal, 2016), page 67, nouvelle, trad. Juliette BARBARA 6 - Chaco (Chaco, 2016), page 79, nouvelle, trad. Juliette BARBARA 7 - Notre monde mort (Nuestro mundo muerto, 2016), page 91, nouvelle, trad. Juliette BARBARA 8 - Conte avec oiseau (Cuento con pájaro, 2016), page 103, nouvelle, trad. Juliette BARBARA
Critiques
Notre monde mort réunit huit nouvelles de l’écrivaine bolivienne Liliana Colanzi. Il s’agit là de la première traduction française d’une œuvre de cette auteure par ailleurs journaliste et enseignante à la Cornell University. Mis à part celui donnant son titre au recueil et relevant de la science-fiction — il y est question de la colonisation de Mars —, tous ces récits s’inscrivent avec succès à la croisée des genres fantastique et horrifiques. « L’Œil » évoque l’inquiétante métamorphose d’une étudiante dépressive. « Alfredito » décrit les effets non moins troublants de la mort d’un garçonnet sur ses camarades. Les conséquences étranges et funestes du décès brutal d’un enfant constituent encore le ressort de « Météorite ». La mort sera aussi le lot du jeune protagoniste de « Chaco », un adolescent fugueur à la psyché visionnaire. « La Vague », quant à lui, campe en quelques pages un univers miné par une apocalypse occulte. Le monde apparaît aussi au bord de l’effondrement dans « Cannibales » (convoquant la figure du serial killer) et dans « Conte avec oiseau », une histoire de folie médicale… Si ces nouvelles déclinent des motifs narratifs d’une sombre bigarrure, toutes ont en commun un regard rien moins qu’amène sur notre réel. Lorgnant du côté de la littérature criminelle la plus noire, les histoires de Liliana Colanzi dressent un panorama des formes les plus odieuses de la domination. Celle qu’infligent les adultes aux esprits et aux corps des plus jeunes placés sous leur coupe. Ou bien encore l’exploitation économique, empreinte de racisme, qu’imposent les Boliviens de souche européenne aux derniers représentants des peuples amérindiens. Certainement victimes de ces mille et une violences, les héros et héroïnes de Notremondemort ne sont cependant pas totalement impuissantes. Étrangement fécondés par l’antique et chamanique savoir des temps précolombiens, leurs esprits développent une surprenante résistance. Celle-ci prend la forme d’un « don » (terme récurrent sous la plume de l’écrivaine) leur permettant d’accéder à une manière d’au-delà, afin d’y invoquer de redoutables puissances. Parfois simplement suggérés, parfois spectaculairement évoqués, ces « Grands Anciens » latino-américains constituent de paradoxaux sauveurs. Ils nimbent ainsi d’un espoir inattendu le Monde mort que dessine Liliana Colanzi par son écriture à la poétique précision.