Il y a beaucoup de façons de parler de la vie dans l'univers. Celle qu'a choisie Michael Ovenden reflète naturellement sa formation d'astronome (l'auteur dirige le département d'astronomie de l'Université de Glasgow, et occupe en outre le poste de secrétaire de la Royal Astronomical Society). Michael Ovenden s'explique là-dessus dans le chapitre initial. Il fait toutefois également appel, avec pertinence, aux domaines de la chimie, de la biologie, voire de la philosophie, dans le cours de son exposé.
Celui-ci est attachant par sa sincère probité et intéressant par la logique de sa présentation. Michael Ovenden n'est pas l'homme des digressions spectaculaires et d'autant plus impressionnantes qu'elles sont vagues et inexactes : il aborde au contraire le problème en en montrant toute l'ampleur, puis, en véritable homme de science, il s'efforce d'en préciser progressivement la donnée pour en chercher la solution.
Il commence donc par rappeler la petitesse, dans l'espace et dans le temps, qui est celle de la terre par rapport à l'univers, puis il passe à l'examen du système solaire, en s'arrêtant surtout sur le cas de la planète Mars. Le problème de l'existence d'autres systèmes planétaires est un de ceux sur lesquels l'attitude des savants a le plus complètement changé au cours des dernières décennies. Alors qu'un Jeans considérait une telle existence comme infiniment peu probable, la majorité des astronomes contemporains estiment qu'au moins une étoile sur dix est entourée d'un cortège planétaire. Le nombre de systèmes planétaires vraisemblables auquel on arrive ainsi rend extrêmement élevée la probabilité de rencontrer, dans notre Galaxie, des planètes sur lesquelles les conditions propices à la vie ont pu se créer.
C'est à l'étude de ces conditions que l'auteur passe ensuite, puis à un résumé de l'évolution et du pouvoir d'adaptation de cette vie. Élargissant enfin son horizon avant de prendre congé de son lecteur, Michael Ovenden esquisse les grandes lignes de quelques théories de l'univers dans son dernier chapitre. Au problème posé par le titre de son livre, il répond par l'affirmative : Quant à moi, je considère la vie (même la vie intelligente) comme une manifestation normale de la matière dans l'Univers, exactement comme ses autres manifestations que sont les étoiles et les galaxies.
Le livre n'est pas écrit dans ce qu'on peut appeler le style journalistique de vulgarisation. Il possède au contraire une sorte de gravité de ton qui a été respectée dans la traduction de J. Métadier, et qui oblige le lecteur à faire un effort d'attention en certains passages. Mais cet effort se justifie par le sérieux et la cohérence de l'exposé.
Le texte de présentation insiste sur le fait que ce livre se situe « au-delà des spéculations de la science-fiction ». En fait, les vues de l'auteur ne sont pas tellement différentes (et pour cause) de celles qu'ont défendues plusieurs romanciers anglo-saxons. L'amateur de science-fiction pourra, en lisant ce bon petit livre, préciser ce qui est connaissance effective, ce qui est simple hypothèse et ce qui relève de l'imagination pure, dans les récits où notre humanité est en contact avec des extra-terrestres. Que de tels extra-terrestres existent à l'heure actuelle dans notre Galaxie, la chose semble pour le moins probable ; ce qui l'est en revanche beaucoup moins, c'est que nous entrions en rapport avec eux dans un avenir rapproché…
Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/10/1964 dans Fiction 131
Mise en ligne le : 28/12/2023