Michael Marshall Smith est un auteur toujours intéressant, qui alterne sans souci la science-fiction (Avance rapide), le thriller (La Proie des rêves) et le fantastique (L'homme qui dessinait des chats). Les Domestiques appartient à ce dernier genre.
Mark est un garçon de onze ans qui vivait à Londres la turbulente, et se retrouve brutalement projeté à Brighton, sur la côte, dans une ville la plupart du temps déserte et inhospitalière. Tout cela parce que le nouvel ami de sa mère, David, y possède une maison. Mark aimerait bien que sa mère s'occupe davantage de lui, mais elle est malade et reste enfermée une grande partie du temps. Le garçon doit donc se trouver d'autres occupations ; le jour où il fait la connaissance de la vieille dame qui habite un appartement en sous-sol, sa vie va changer : au fond de cet appartement, les anciens quartiers où vivaient à l'époque les domestiques...
Le fantastique dont il s’agit ici prend la forme de fantômes des temps passés, fantômes dont Mark va progressivement apprendre à faire la connaissance. Et ses spectres auront une signification qui rejaillira sur sa vraie vie, dans une tentative lourdingue de renouer les deux fils de l’intrigue. C’est dommage, car l’auteur excelle à raconter le quotidien de Mark, ses errances solitaires dans Brighton, et surtout ce lent désespoir qui l’étreint au contact de sa famille dont il s’éloigne de plus en plus, à mesure qu’il se rapproche de la vieille dame – et surtout de son appartement. Et même si les parents ne sont pas très crédibles dans leur pédagogie sur la maladie de la mère, on suit le cheminement de l’intrigue avec intérêt. C’est dire si l’on est déçu lorsque le propos de l’auteur se fait définitivement jour : les deux histoires, satisfaisantes séparément, semblent rabibochées de manière forcée.
Les Domestiques s’avère donc une déception ; on y retrouvera néanmoins le talent de Michael Marshall Smith pour brosser les petites fêlures mais aussi les petites joies de la vie courante, et c’est ce qu’on retiendra de ce livre.
Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 18/4/2009 nooSFere