Rares sont ceux qui le savent, mais les huamins peuvent changer de bocal (c'est-à-dire d'âge) à leur fantasie. D'âge, mais non de cadre de vie.

     Les heureux élus demandent en général, quand ils sont vieux, à redevenir jeunes. Le héros, lui, a 18 ans et se sent mal dans sa peau. Il veut alors vieillir. Las ! Son amie Jiji a toujours 25 ans... et il se retrouve à 70 ans. Situation inconfortable...

     Elle l'aime, elle l'adore, mais la chair est faible. Elle prend un amant... qui lui aussi vient de changer de bocal !

     Comment tout cela finira-t-il ? se demande l'Auteur auquel ses personnages ont complètement échappé...

     Alors que les premiers romans signés Paul Béra au Fleuve Noir étaient de facture très classique (je pense à Race de conquérants par exemple), les derniers prennent une tournure avant-gardiste qui n'est pas pour me déplaire. Mais « avant-gardiste » n'est peut-être pas le terme approprié, enfin pas exactement. Disons que, dans le cas précis de Changez de bocal, Béra met en scène un certain nombre de personnages tout-à-fait inattendus, dont une espèce de démiurge rigolard et iconoclaste appelé « Le Grand Tounima », un héros qui ne possède pas de nom et un énigmatique « Auteur » qui vient à plaisir embrouiller une histoire déjà pas simple ! Vous me direz : est-ce que tout ça fait un roman ? Pas vraiment. Disons une pochade marrante où l'on ne s'embête pas un instant et qu'on a des difficultés à abandonner avant la fin, une parenthèse humoristique dans l'œuvre de Béra — ce qui ne vous empêche pas de l'acquérir, car vous serez d'accord avec moi pour dire qu'en SF on ne rigole pas tous les jours...