Garmalia, c'est la planète-capitale d'un immense Empire humain s'étendant dans la galaxie, un Empire millénaire dont la présence sur Mérina est pour le moins discrète : à peine un vaisseau de la Garde tous les vingt ans, et de temps à autre un vaisseau marchand — mais on raconte que les marchands se traînent dans des vaisseaux de plus en plus délabrés, l'avant-dernier s'est même écrasé sur la plaine au sud de la ville en voulant repartir...
Quant à Mérina, c'est une petite planète isolée, à la civilisation rétrograde : les humains y sont revenus à une organisation de type féodale, sous la responsabilité de moines se souciant nettement plus du spirituel que du confort terrestre...
La chance de Dorty, un jeune paysan, se présente pourtant un jour, sous la forme d'un vaisseau de la Garde. Il s'engage aussitôt, avide de connaître les merveilles de l'Outre-Ciel, de Garmalia, la Planète des Mille Soleils. Avide également de parvenir à faire se réaliser la prophétie que lui avait donnée une vieille sorcière, près de son village, quand il était enfant...
On suivra Dorty dans ses premiers pas dans l'armée, puis prisonnier sur une planète, aux mains d'un révolutionnaire (le Siran Helmer Moran) qui veut achever l'Empire agonisant et s'installer sur le trône. Les partisans du révolutionnaire, les moranistes, et les adeptes d'une philosophie nihiliste, les transvitalistes, s'affrontent, et Dorty se retrouvent au centre de cette guerre. Peut-être est-il le véritable héritier des secrets de la famille d'Orvaux... Mais alors, pourquoi n'en sait-il rien lui-même ? Et quelles sont ces impulsions qui le guide soudain, malgré lui ?
Alain le Bussy s'est rapidement imposé comme un auteur avec lequel il faut compter désormais dans la SF francophone. Il faut dire qu'il a publié en un bref laps de temps la très agréable trilogie d'
Octa, et le roman isolé
Déraag. Deux raisons à cette productivité : primo, le Bussy avait depuis des années entassé des manuscrits, qu'il dépoussière maintenant pour le bénéfice d'Anticipation ; secundo, il écrit vite.
Trop vite, même : on notera que ce roman-ci a été écrit en un mois, c'est indiqué en fin de texte, juin-juillet 93. Le problème, c'est que ça se voit. Nettement.
Si l'intrigue de base est fort bien menée, et suffisamment accrocheuse, on peut regretter qu'il n'y ait, justement, aucun autre développement que cette intrigue de base ! Aucun personnage ne fait l'objet du plus petit développement psychologique (oui, je sais, dans un FNA y'a pas trop la place, mais tout de même...), certains apparaissent et disparaissent à toute vitesse, des détails sont abandonnés sans plus de cérémonie (tiens, expliquez-moi d'où vient le « couteau » de Dorty ? Cet objet joue un grand rôle dans l'histoire, mais jamais l'auteur ne se soucie d'en faire autre chose qu'un procédé facile). Et le style... Quel style ? C'est le degré zéro de l'écriture. Narration à la première personne du singulier, au présent. Point. Les maladresses, les répétitions, les termes inappropriés ne se comptent plus. Allez, hop, on écrit ça vite fait et puis on ne se relit pas !
Ces travers ne semblent hélas pas être particuliers à Alain le Bussy, plutôt une politique induite par la manière de travailler du FNA. J'en veux pour preuve
Arago de
Laurent Genefort, totalement raté ! Je l'ai lu peu avant
Garmalia, mais je ne le chroniquerai finalement pas, un tel gâchis de bonnes idées est incroyable...
Je suppose que ce genre de romans, vite écrits vite lus vite oubliés, plaisent à certains lecteurs. Je suis certain de ne pas en être : je demande plus de mes lectures, et je ressors quelque peu frustré de ce genre de gâchages.
André-François RUAUD (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/4/1994 Yellow Submarine 109
Mise en ligne le : 5/3/2004