Un récit de Daniel Walther, c'est d'abord une typographie, tellement obsessionnelle qu'elle en devient topographie : ces phrases EN CARACTERES MAJUSCULES, ces italiques continuelles, ces (fragments entre parenthèses), le tout harcelé de points de suspension... et de tirets (dans le tas).
C'est aussi, obsessionnellement délivré, ces coïts au bord de la nausée, où la chair hésite entre la tristesse, la violence et la tendresse, mais se résout en métaphores sibyllines, comme ces « étendues blanches où croissaient des arbres incendiaires. » Et, tout aussi obsessionnels, ces combats qui sont le pendant des joutes sexuelles (leur envers ? Leur parallèle ? Seul Walther le sait...), et donnent lieu à leur tour à d'autres images troubles : « Ceux qui tombent meurent dans la maison de la mort et ils ont l'impression de périr doublement. Leurs yeux rompus s'ouvrent sur des paysages de cauchemar. »
Cette tempête stylistique déploie ses fastes à l'intérieur d'un scénario proche du degré zéro : les Confédérés et les Lems se rencontrent sur une planète glacée où dorment les autres. Mais qu'importe ? La séduction/fascination qu'exerce Walther tient la plupart du temps à la forme, pas au fond. Ici, nous avons une sorte de Flinguez-moi tout ça ! revu et corrigé pour le Fleuve : signe que Daniel ne change pas, mais que le F.N. lui, change.
Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/6/1983 dans Fiction 341
Mise en ligne le : 16/3/2006