Sur Intimar, les Civiques n'ont pas la vie belle. Ils risquent leur vie pour un salaire de misère. Leur tâche consiste à défolier à l'aide de leur Crache-Feu les rues de la ville que le mucilum envahit quotidiennement. Sans cesse il leur faut remettre le pain dans le pétrin ; toujours recommencer. Pourtant, la malodorante verdure gagne du terrain.
Oui, et dans ce pétrin-là, Laghan y est jusqu'au cou. Son ombre, sa vivante réplique, vient de se manifester. Elle lui murmure à l'esprit qu'elle l'aime et qu'ils doivent s'unir. Or, pour que cette unification soit possible, Laghan doit mourir. L'ennui, c'est que le principal intéressé n'est pas vraiment décidé à en passer par là. Il rechigne et finit par en parler à Cheval Bandant, son ami indien, qui semble avoir sa petite idée sur la question : c'est peut-être la faute au Grand Manitou...
Le Semeur d'Ombres est un roman qui ne va sans doute pas très loin mais qui, parce qu'il est assez bien mené, procure un certain plaisir : instants de détente. Suivez le guide, il connaît son boulot.
L'atout majeur du livre est sa simplicité.
Honaker effleure ses personnages sans les dessiner mais ça n'est pas gênant. Le but du jeu est tout autre. L intérêt de ce musée-là n'est pas de s'extasier en chemin devant un joyau de poésie mais d'atteindre la sortie afin de savoir si l'on peut, oui ou non, remercier le guide. L aventure prime sur tout et l'omniprésence de l'événement, au détriment du reste, n'est pas à la fois irritante et étouffante comme cela arrive trop souvent. Alors, n'oubliez pas le guide...
Voilà donc un bon Fleuve Noir et... oui, allez, fermons les yeux sur son écriture approximative. L'impression générale est positive. Cela devrait suffire, non ?
Non ? Et oui, c est là le cœur du débat qui porte sur la littérature baptisée populaire...
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/11/1985 dans Fiction 368
Mise en ligne le : 10/3/2005