Le héros de ce roman s'appelait autrefois Vermisseau. C'était un va-nu-pieds qui ne pouvait se déplacer sans une canne et que tous méprisaient. Et puis voilà que le Science et la Philosophie des colonniers font une irruption brutale dans sa vie. Elles feront de lui un homme intègre, mais plus jamais Joachim Boaz, alias Vermisseau, ne sera normal après avoir vécu une longue et insupportable agonie.
Voici, tracé en quelques lignes, le point de départ de ce livre. Ou plutôt sa fin ? Comment savoir... Les colonniers ne prétendent-ils pas que l'univers revient sans cesse à son point d'origine afin de recommencer ?
Joachim Boaz, qui a suivi leur enseignement, se dit qu'il va revivre son agonie, indéfiniment. Et cela le brise parce qu'il se souvient de la douleur : une douleur consciente et intarissable. Les os de silicone qu'on lui a implantés lui ont sauvé la vie mais, en même temps, l'ont enchaîné à un monstrueux souvenir dont il ne peut se défaire.
Quelle solution lui reste-t-il, sinon celle de dévier le cours du temps afin de rompre le cycle éternel de l'univers ?
Je ne connaissais pas Barrington J. Bailey avant ce livre. Force est de constater que cet auteur possède une maîtrise certaine de la narration. Son roman est dense alors même que l'intrigue demeure simple, presque secondaire. La Philosophie des colonniers, même si elle n'apporte rien de nouveau, est concrètement esquissée et justifiée.
Pourtant, je me dis que Bailey aurait pu aller beaucoup plus loin dans ses idées. Il y avait matière à un long roman, pour peu qu'il ait adopté une orientation sensiblement différente ; en s'intéressant, par exemple, plus profondément à la planète Meirjain et aux hommes-ibis, tous deux véritables nœuds du mystère des diamants de l'éternité.
De toute façon, c'est l'un des meilleurs romans paru dans la collection des Best Sellers du Fleuve Noir.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/9/1985 dans Fiction 366
Mise en ligne le : 16/3/2005