Qui se cache sous ce patronyme ? On le saura sous peu, nos espions en font foi. En tout cas, après J. Stuntman, voilà le deuxième « nouvel auteur » en deux mois qui intègre avec intégrité la collection « Anticipation », avec un titre hideusement latino-cuisinesque, cachant un récit pas si mal ficelé que ça, où des Horlags, créatures volantes, suceuses de vie, à moitié immatérielles et aux neuf-dixièmes invulnérables, hantent une planète d'après la déglingue, où la police fait la loi, où les politiciens sont corrompus, et où l'on ne peut même plus rêver sans l'aide de mystérieux Montreurs de rêves... Il y a de bonnes descriptions de la « Cité Tentaculaire » et, si les personnages sont stéréotypés (Angam Weisse est le traditionnel flic qui tourne casaque) et le substrat dramatique convenu, l'ambiance crépusculaire de Xuban est bien rendue avec quelques audaces du genre de cette aube couleur de savon qui se lève page 18.
Il est dommage que ces points positifs soient bouffés aux mites par d'innombrables négligences de style, du genre « ... il en remonta jusqu'à la source » (deuxième page), ou ces fameuses décades inévitablement prises pour des décennies (messieurs les écrivains, pitié ! décade = dix jours ; décennie = 10 ans), et, dans le dernier tiers du roman par une approximation plus que douteuse relative aux corps célestes et aux distances stellaires : un satellite, repéré (comment ?) dans un autre système, est atteint en deux heures de navigation au pif, et un astronef en orbite largue des bombes sur une planète en les faisant tomber par l'ouverture de la soute. Wouah ! Il est dommage que Honaker nous fasse ainsi rire avec ces broutilles, qui gâchent un roman qui aurait pu être presque bon. Les lecteurs et correcteurs du Fleuve méritent la bastonnade.
Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/4/1983 dans Fiction 339
Mise en ligne le : 1/4/2006