Un aéroport, la nuit. Vous venez de descendre de l’avion, il pleut, les passagers se pressent pour rentrer chez eux... Une ville étrangère, une agitation policière que vous ne comprenez pas, les images qui flashent à la télévision. Et bientôt vous êtes presque seul dans cette aérogare sinistre et déserte, à attendre votre bagage qui n’arrive pas. Arrivera-t-il jamais ? Cette maudite pluie, cette maudite nuit auront-elles une fin ?
Alors vous faites attention à vos voisins. A ce jeune séducteur vulgaire et arrogant avec son téléphone portable. A ce vieux chirurgien distingué qui porte un brassard noir. Ils racontent, vous pénétrez dans leurs histoires, les écoutez parler. Et, par leur histoire, vous apprenez d’autres histoires, celles d’autres personnages de cette ville, des récits qui s’entrecroisent, se rejoignent un instant et divergent, une toile délicate reliant une sinistre comédie d’acteurs, vieilles filles bigotes ou artistes jumeaux, ogres et dieux oubliés... Un bouquet de fleurs noires et rouges, gorgées de sang,
aux senteurs marécageuses. Cette ville, aux ruelles pavées de pluie, aux hôtels glauques, aux églises sinistres, cette ville où vous vous êtes perdu, c’est Florence. Soyez le bienvenu dans l’univers de Serena Gentilhomme.
Si vous avez eu de la chance, vous connaissez déjà ce monde depuis
Villa Bini, son remarquable premier roman (publié de manière quasi-confidentielle par l’Harmattan), ou bien certaines de ses nouvelles. On retrouve dans les
Nuits Etrusques la même écriture ciselée, la même cruauté teintée d’humour noir. La brièveté de ce roman n’empêche pas une structure complexe, habile et déroutante, un peu trop déroutante parfois, même.
Mais toute la force des textes de Serena Gentilhomme vient de leurs images puissantes, de ces fantasmes sanglants qu’elle évoque si bien, qui vous frappent, jusqu’au fond de l’âme, jusqu’au creux des reins. Ces
Nuits Etrusques sont un collier de cauchemars, aux perles inoubliables.
Laurent KLOETZER (site web)
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