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Le Maître de l'illusion

James A. OWEN

Titre original : The Festival of Bones, 2007   ISFDB
Cycle : Mythworld vol. 1

Traduction de Éric BUFKENS & Aude CARLIER
Illustration de James A. OWEN

OUTWORLD
Dépôt légal : avril 2007
Première édition
Roman, 240 pages, catégorie / prix : 16 €
ISBN : 978-2-916925-00-4


Quatrième de couverture
     Le temps... Un concept bien abstrait qui fait l'objet de plusieurs interprétations : est-il linéaire ou cyclique ? Ou bien... les deux ? Selon certaines théories, il arrive que temps linéaire et temps cycliques se croisent. Lors de ces « inversions », nom donné à ces rencontres temporelles, les hommes qui ont connaissance de ce phénomène peuvent entrevoir une époque révolue ou à venir. Parmi eux se trouvent de véritables élus qui peuvent prendre contrôle de l'inversion et redessiner le monde selon leur désir.
     Voilà un détail qu'auraient bien eu besoin de connaître Michael Langbein et Mikaal Gunnar-Galen, tous deux professeurs à l'université de Vienne, pour qui tout bascule le jour où ils reçoivent une invitation pour le spectacle d'Obscuro, l'illusioniste zen. Ou plutôt du nommé Jude, mathématicien de génie lui aussi fraîchement nommé professeur à l'université. Car Jude étudie depuis longtemps les inversions et a décidé de partager son savoir avec les deux professeurs, qui chacun dans leur spécialité doivent pouvoir lui venir en aide afin de déterminer la date et le lieu de la prochaine inversion. Mais Jude (ou bien est-ce Obscuro ?) maîtrise beaucoup mieux son sujet que ce qu'imaginent Langbein et Galen... avec de funestes conséquences pour eux !
Critiques
     A Vienne, le professeur de Littérature ancienne Michael Langbein et le professeur de Musicologie Mikaal Gunnar-Galen sont conviés au spectacle troublant du prodigieux Obscuro. Ils reconnaissent en cet « illusioniste zen » le tout nouveau chef du département Mathématiques de leur université.
     Ce dernier leur révèle être en possession d'un texte mythique, l'Edda originelle, la toute première version de la mythologie islandaise, norvégienne et germanique, qui a inspiré par exemple le cycle wagnérien de L'Or du Rhin. Sur les traces du yéti, Jude alias Obscuro aurait découvert ce manuscrit dans une bibliothèque renfermant tout le savoir du monde, cachée dans un monastère tibétain à l'origine du mythe de Shangri-La, une grotte où une douzaine d'anachorètes — dont Alexandra David-Néel — se nourrissent des coelacanthes qui y prolifèrent encore...

     Attention, le lecteur qui espère une fantasy d'aventures où les combats, complots et créatures fantastiques priment sur la réflexion peut d'emblée passer son chemin. La quête à laquelle nous convie James A. Owen est avant tout celle de l'érudition, et les épreuves en sont la découverte d'informations sur l'islandais ancien, la poésie scaldique, l'écriture tibétaine ou la composition du papier tibétain — riche en arsenic — , mais aussi sur la Bible, les civilisations mésopotamiennes, atlantes ou pré-colombiennes, en passant par l'orographie, les mathématiques fractales, la conception du temps, les différents calendriers, etc.
     Entre illusions et réalités, entre mythes et Histoire, d'Ymir et Yggdrasil jusqu'au Ragnarok, Owen mène ainsi une réflexion sur la nature de l'univers, qui débouche sur une étonnante « weltanschauung » — « une conception globale du monde » — où le temps comporte des points finaux — des fins du monde — et des zones de transition — des « inversions ». La bibliothèque tibétaine étant située dans la « montagne au cœur de la création », elle figure un point fixe où rien ne change pendant les inversions.

     Si « littératures de genres » paraît parfois synonyme de « littératures populaires », Mythworld est un bon exemple d'une fantasy qui se veut littérature savante. Elle sait rester relativement simple à lire car la plupart des informations nous sont exposées sous forme de dialogues, mais les amateurs d'action seront indéniablement frustrés, les conversations d'érudits occupant la plus grande part du roman. Assurément, le rythme n'est pas celui d'un Indiana Jones, pas plus que l'humour n'y pointe son nez.
     Pourtant, ce roman touffu et cultivé se montre le plus souvent suffisamment intrigant et passionnant pour n'être jamais ennuyeux. C'est en tout cas une œuvre originale, témoignant d'un univers personnel riche, déjà entrevu dans la bande dessinée Starchild. Voilà qui mérite assurément la découverte pour peu qu'on veuille s'éloigner des sentiers battus.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 9/7/2007 nooSFere

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