L'ATALANTE
(Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne Date de parution : 21 octobre 2021 Dépôt légal : octobre 2021, Achevé d'imprimer : octobre 2021 Première édition Roman, 560 pages, catégorie / prix : 8 ISBN : 979-10-360-0091-1 Format : 14,5 x 20,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Couverture à rabats.
Quatrième de couverture
— Professeur Faradyne ? Stanislas Arkadi Faradyne ?
Stanislas fut pris d’un malaise. Derrière lui étaient plantés les deux énergumènes auxquels il tentait d’échapper depuis ce matin.
— Notre commanditaire, monsieur Boubakine, aimerait s’entretenir avec vous. Au sujet de votre propulsion.
Après dix ans de répit, le pire de ses cauchemars devenait réalité ! Stanislas n’avait jamais fricoté avec Boubakine, le magnat qui avait financé la colonisation du système AltaMira. Et pour cause : il n’était pas véritablement Faradyne, Le Faradyne, le scientifique de génie qui avait développé la première propulsion warp de l’histoire, permettant l’exode extrasolaire de l’humanité.
Il se retourna. Il était acculé. Devant lui, l’océan s’étendait à perte de vue, ponctué des îles Témen et Zuha.
Gemma avait bien changé. À tel point que personne, ici, ne l’avait jamais appelée « le joyau de glace étincelant dans la nuit ». Et pour cause, Gemma, la blanche, la froide, n’avait tout simplement jamais existé.
Ici, on l’appelait Indiga.
La bleue.
La confrontation de l’humain avec une forme de pensée différente, remettant en question l’interprétation scientifique et mathématique d’une réalité unique et déterministe, constituait le thème principal de « QuanTika ».
Le diptique « Ziusudra » plonge ses protagonistes dans un univers parallèle. La réalité y est un vaste jardin aux sentiers qui bifurquent…
[texte du rabat de couverture]
Laurence Suhner est une autrice et dessinatrice suisse. Elle a commencé à écrire très jeune des histoires courtes qui avaient pour thématiques principales la physique, l'astrophysique, l'exploration spatiale et les intelligences non-humaines. Son premier roman, Vestiges, obtient le prix Bob Morane et le prix Futuriales en 2013. Proche de l'observatoire de Genève, elle s'entoure de nombreux scientifiques pour chacun de ses romans.
Critiques
Annoncé comme un diptyque, « Ziusudra » prolonge la trilogie « QuanTika », cochant toutes les cases d’un planet opera mêlant ethno et hard SF. Rien de neuf sous les multiples soleils de la science-fiction, nous direz-vous, y compris jusque dans l’illustration de couverture signée Manchu.
Des tréfonds caverneux de Gemma la glacée, où il avait été enfoui par la civilisation des Bâtisseurs pour préserver l’univers de sa fureur destructrice, le Dévoreur a jailli avec violence, poussant les humains survivants et les Timhkans, extraterrestres à l’origine de l’enfermement du monstre quantique, à s’allier pour enrayer la menace. Avec « Ziusudra », on reprend les mêmes ou presque et on recommence. Sur Indiga la bleue, l’humanité doit désormais partager la planète avec les Timhkans. Mais les vieux démons ont la peau dure. Militaires, capitalistes, ex-miliciens suprémacistes ne prisent guère cette coexistence pacifique. Ils s’inquiètent surtout des incursions répétées des extraterrestres et affûtent leurs armes. Et, comme souvent, de l’inconnu naissent la peur et la défiance. Dans ces conditions, difficile pour Ambre et sa fille, mais aussi pour Haziel, Maya Stanislas et Kya de trouver leur place dans cette version alternative du système AltaMira, où les apparences sont à la fois si familières et si différentes.
Placé sous le patronage bienveillant de Richard P. Feynman et de Jorge Luis Borges, Celle qui sait, premier livre du diptyque, s’aventure dans le champ ouvert à la spéculation des univers parallèles, rejouant une partition bien connu de l’amateur de SF. On renoue ainsi avec les ressorts narratifs et thématiques qui ont fait le succès de la trilogie « QuanTika», sacrifiant au passage le caractère inédit du world building. De son attrait manifeste pour les sciences, y compris humaines, dont on perçoit toute l’ampleur dans la seconde partie du roman lorsqu’on se retrouve immergé au cœur de la société Timhkan, Laurence Suhner tire toutefois un récit de xéno-anthropologie stimulant, où se côtoient altérité radicale et senseof wonder. Cet aspect du roman est hélas précédé par une première partie un tantinet longuette, où l’autrice prend son temps pour poser des enjeux politiques déjà-vus. On ne peut ainsi se départir du sentiment de lire une variation bâtie autour d’une intrigue passe-partout, où les sentiers n’ont bifurqué que pour servir de prétexte à une débauche de rebondissements visuels. Car dans l’univers parallèle d’Indiga, rien ne diffère finalement du monde de « QuanTika », si ce n’est la position politique et sociale des uns et des autres. Le même destin semble ainsi promis à des personnages réduits à des stéréotypes condamnés à revivre un scénario catastrophe dont ils subissent une nouvelle fois les conséquences dramatiques.
S’il est encore tôt pour porter un jugement définitif sur ce diptyque, on ne peut s’empêcher d’éprouver quelques craintes. Gardons cependant confiance dans la capacité de l’autrice à nous surprendre. C’est le moins que l’on puisse espérer.