Lire Galaxies ou l’art de l’enjambement, voire du saut de cabri.

    Arrêtons-nous un instant sur la couverture, extrêmement rude (mais un brin fascinante), de François Rouiller, où Super-Heidi, armée d’Edel­weiss-Shuriken, met en dé­route une section de créatures squelettiques rougeâtres qu’on surnommera, histoire de rigoler un brin, les Khmorts rou­ges.

    Enjambons les trois premières nouvelles : « Ecopoïèse » de Pierre Magdelaine (téléphonée et assez peu convaincante, du début à la fin), « Ondulator », de Caza (rigolote par moments, totalement inoffensive), et « Mal lu­nés », de l’Allemand Florian Heller, tellement affligeante qu’elle pourrait servir de compilation et/ou démonstration par l’exemple des trucs à ne jamais faire en écriture de genre.

    Voilà, après un coup d’œil vers l’abysse (méfie-toi car l’abysse, aussi, regarde en toi) et un triple-saut olympique, nous pouvons entrer dans le vif du sujet : le dossier dirigé par Jean-François Thomas sur la science-fiction en suisse romande.

    Hé ben, franchement, il est très bien ce dossier, il y a ce qui faut sur l’histoire du genre, sur les auteurs, sur la Maison d’ail­leurs. Un joli retour sur l’expérience Utopod, qui nous rappelle qu’on aimerait bien lire à nouveau Lucas Moreno. Pour ce qui est des nouvelles choisies pour illustrer le dossier, c’est moins probant. Celle de François Rouil­ler, bien que très courte, est excellente. Tu Wüst gagne certes la médaille en chocolat suisse du nom d’autrice le plus bi­zarre du trimestre, mais n’a probablement jamais lu « Le P’tit-mignon » de Greg Egan (in Axiomatique), dont sa nouvelle n’est qu’une très pâle copie. Quant à la nouvelle de Jean-François Thomas, je ne saurais trop vous conseiller l’enjambement ou le saut de cabri (olé !).

    La partie critique contient quel­ques perles que je vous laisse dénicher.

Thomas DAY (site web)
Première parution : 1/7/2022 dans Bifrost 107
Mise en ligne le : 14/4/2025