A l'âge de vingt-quatre ans, le comte Alexeï Tolstoï entama sa carrière littéraire par trois petits récits, trois histoires de revenants, trois fables qui montrent comment les morts peuvent empêcher de vivre les vivants. Souscrivant à toutes les règles établies pour mieux y sésobéir, confondant les genres, les évènements et les situations, et usant de tous les registres pour parvenir à ses fins, du burlesques au naïf, du comique à l'épouvante, le jeune auteur s'en donne à coeur joie. Sous sa plume, les conseillers d'Etat deviennent des vieillards gâteux et malfaisants, les vieiles générales des monstres assoiffés de sang, les pères de famille des brutes et des tyrans, les officiers des pantins sautillants ; on se jette à la bouche de la première inconnue venue, on se promène demi-nu au milieu de cortèges de nymphes dévêtues, on va jusqu'à donner le fouet à de belles demiselles éperdues ! Mais non content de secouer la poussière des conventions et d'ébraler les certitudes du lecteur, A. Tolstoï s'attaque au support même de son discours, démontant les mécanismes de ses intrigues au fur et à mesure que celles-ci se nouent. Insensiblement, aux ressorts du fantastique, à ses règles et à ses recettes, il substitue les ressorts du rêve et du cauchemar et se sert de ce jeu formel, de ce jeu de rêves et de formes, pour conjurer les démons qui le menacent et etouffent alors sa jeunesse...
1 - Paul LEQUESNE, Les Vampires du comte Alexeï Tolstoï, pages 7 à 15, préface 2 - (non mentionné), Chronologie, pages 17 à 19, biographie 3 - Le Rendez-vous dans trois cents ans, pages 21 à 42, nouvelle, trad. Paul LEQUESNE 4 - La Famille du Vourdalak (Sem'ya vurdalaka, 1841), pages 43 à 69, nouvelle, trad. Paul LEQUESNE 5 - Oupires (1841), pages 71 à 146, nouvelle, trad. Paul LEQUESNE