A l'aube du XXIIe siècle, Raïssa, agent spécial des services secrets de la Fédération citoyenne mondiale, retrouve sa vallée natale au coeur des Alpes valaisannes, vingt ans après son exil forcé. Elle y constate les ravages de l'application extrême du programme fédéral Droit à la différence. Car suite à son inclusion dans l'Archipel des Territoires communautaires, ce fragment de Valais central, rebaptisé Sarracenistan, a été radicalement islamisé au profit d'une cléricature aussi fanatique que corrompue.

     A la recherche de ses proches disparus dans les bas-fonds de cet enfer pseudo-identitaire, Raïssa escorte le mollah dévoyé qui y règne en maître absolu. Ne reculant devant aucun moyen, elle entreprend de le manipuler dans l'espoir d'obtenir le salut des siens.

     Raïssa est un agent spécial des services secrets de la Fédération Citoyenne Mondiale. La mission qu'elle mène actuellement, elle l'a choisie. Ou plutôt elle l'a soumise à sa hiérarchie qui l'a acceptée. Elle s'est infiltrée dans l'un de ces territoires autonomes qui émaillent la planète en cette fin de 21^e siècle : des centaines d'enclaves de tout bord où s'épanouissent sur un mode aussi fanatique qu'extrémiste tous les courants culturels, religieux, messianiques et déjantés issus de la reconnaissance juridique du fameux Droit à différence cher aux « politiquement corrects » populistes du début du siècle. Dans ces dominions livrés aux chefs de guerres tribaux, tout est possible, sauf la démocratie. C'est dans l'un de ces lieux, qui fut sa région natale, que Raïssa vient régler ses comptes.

     Dans ce court texte, Olivier May s'attaque aux dérives de la société de ce début de siècle, en imaginant une anticipation géopolitique plutôt réaliste des effets de la segmentation à l'extrême des cultures et plus généralement des idéologies. Sous le prétexte du respect dû aux idées de chaque courant, quel pourra être notre société future, sinon un archipel d'anarchie ?

     Alpin dans l'âme, l'auteur ne manque pas une occasion de parler de sa région, n'hésitant pas ici à situer le territoire infiltré au cœur des Alpes. Ecrit dans un langage plutôt soutenu — peut être trop — sur un sujet d'actualité, Droit à la différence est une anticipation au goût d'hypothèse fort plausible. Le ton distancié du récit pourrait le rendre quelque peu difficile d'accès, mais sa brièveté (soixante pages petit format) fait que cet écueil est aisément surmontable.