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Le Bruit du moulin

Marcel BÉALU



ROUGERIE
Dépôt légal : 1966
Première édition
Roman
ISBN : néant

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition José CORTI, (1986)

     II y avait longtemps qu'on n'avait pas vu la signature de Marcel Béalu, fort occupé ces dernières années à peaufiner son autobiographie à épisodes (chez Belfond), en tête d'un recueil de nouvelles. Il nous revient avec ce joli petit livre de 140 pages, comprenant 14 textes courts, qu'il faut travailler au couteau puisque les livres de chez José Corti ne sont pas découpés — une manière désuète mais bien charmante d'approcher la littérature, que l'impression moderne a rejetée au néant... Les nouvelles de ce moulin, hélas, ne valent pas celles des Mémoires de l'ombre ou de Journal d'un mort. Bien sûr on retrouve les obsessions de Béalu, la mort, mais aussi le dépérissement physique, la métamorphose vers le pourrissant et le croupissant, d'autant qu'il semble bien que, le temps ayant passé, et l'auteur ayant fait sa propre expérience du vieillissement, se mêlent maintenant à cette thématique des reflets autobiographiques. C'est très net dans la nouvelle qui ouvre le recueil et lui donne son titre, et où un vieil homme retiré dans un moulin nourrit une inquiétante créature (la mort, bien sûr !) avec la jeune chair de ses conquêtes féminines...
     C'est aussi le texte où Béalu se rapproche le plus du fantastique classique (Béalu-Masterton). Ses autres textes sont plus inclassables, et le reproche qu'on peut leur faire est qu'ils tournent trop souvent court, alors qu'on en attendrait des développements plus sulfureux. Parfois cependant l'auteur touche juste, comme dans Dangecour, qui n'est guère plus qu'un portrait, mais troussé avec délicatesse, ou Les locataires du grenier, dont j'extrais les belles dernières lignes : « ...La ville entière était devenue un immense lac emportant dans ses remous boueux murs écroulés, toitures arrachées, poutres noircies dressées vers le ciel dans un dernier appel calciné. Cet enfer de plomb se confondait avec une cotte de plomb. Mais au pieds des deux jeunes filles qui riaient en se tenant la main l'eau coulait, sur le trottoir, transparente comme un ruisseau d'Avril. » On peut donc lire ce recueil comme un rappel un peu nostalgique, à recommander aux vieux amoureux de la prose de Béalu. J'espère qu'ils sont encore nombreux.

Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/12/1986
dans Fiction 381
Mise en ligne le : 28/1/2003

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