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Tout à la main

Jean-Pierre ANDREVON



CARRERE-KIAN  n° (1)
Dépôt légal : décembre 1988
Première édition
Roman, 360 pages, catégorie / prix : 78 FF
ISBN : 2-86804-501-4
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Le fleuve de boue coule à une cinquantaine de mètres de chez moi. Il remplit la vallée jusqu'à la chaîne de montagnes en face. La boue est brûlante, elle a surgi en une nuit, du néant, ou du cœur en fusion de la terre.
     Elle aurait pu m'engloutir pendant mon sommeil. Mais non. Elle s'est arrêtée de monter juste à temps, juste avant de submerger ma maison isolée au sommet de la colline. Il n'y a plus d'électricité, la radio est morte, j'ignore ce qui a pu se passer. Guerre atomique, Tchernobyl à l'échelle de la France, catastrophe naturelle ? Je ne sais...
     Dans ma petite maison sur la colline, entre ciel et boue, je suis seul avec Lascard, mon vieux matou castré. Seul avec Françoise, Cathy, Marie-Thé, Josy, Mariangela... toutes ces femmes que j'ai connues, que j'ai aimées, et dont le souvenir aigre ou brûlant m'aide à tenir le coup. Je n'ai rien d'autre à faire qu'à penser à elles, pour le temps qu'il me reste à vivre. Pas longtemps, de toute façon. Parce que, pour autant que je puisse le supposer, je suis le dernier homme sur la Terre.

     Science-fiction ou simple anticipation ? Roman érotique ou traité d'écologie ? N'obéissant aux lois d'aucun genre spécifique, ces «Carnets du Survivant » où l'auteur — avec tendresse, mais aussi avec beaucoup d'humour et de dérision — se met lui-même en scène, révélant un écrivain au ton et au style très personnels et résolument novateur. Une œuvre d'une originalité littéraire rare, le livre «hors collection » que Jean-Pierre Andrevon — l'un des maîtres de la science-fiction et du fantastique en France, avec plus de cinquante livres publiés — se devait d'écrire un jour... tout à la main.
Critiques
     Cela faisait bien longtemps que nous attendions la grande œuvre des années quatre-vingt de Jean-Pierre Andrevon, un texte dans la lignée de Le Désert du Monde ou Le Monde Enfin. Ce texte, le voici ! A des années-lumière de tous les textes alimentaires publiés par l'auteur, au Fleuve Noir et ailleurs, et hors collection s'il vous plaît ! Andrevon réalise à ce propos un vieux rêve puisqu'il ne lui avait jamais été donné, malgré son statut d'auteur professionnel, d'accéder aux éditeurs et collections de Littérature Générale. Ce qui n'était, selon ses dires (Cf. Ere Comprimée n°41 ), pas faute d'avoir essayé...
     Je ne me hasarderai pas à avancer que ce roman est autobiographique mais il est vrai que le fait que le personnage central s'appelle Jean-Pierre Andrevon et demeure non loin de Grenoble dépasse le simple pied de nez à la critique, la seule envie mégalo de se mettre en scène. Quiconque connaît un tant soit peu l'auteur reconnaîtra en cet Andrevon d'un présent à peine décalé, à travers le filtre de la dérision, l'écrivain bien connu, père de Les Hommes-Machines contre Gandahar et de La Fée et le Géomètre.
     Andrevon se réveille un matin, en haut de sa colline, et découvre qu'un fleuve de boue probablement né d'une quelconque catastrophe écologique a ravagé la vallée pendant la nuit, s'arrêtant à seulement quelques dizaines de mètres de sa maison. Plus d'électricité, de radio, de manifestations extérieures pouvant faire supposer une éventuelle survie de l'humanité. L'auteur aux soixante-treize titres en conclut donc (et tout porte à croire qu'il a raison) qu'il est l'unique survivant, le dernier homme sur la Terre, qu'il ne lui reste plus qu'à s'habituer à vivre seul. Seul ? Pas tout à fait. Puisque demeurent à ses côtés son chat Lascard ainsi que Florence, Anne-Marie, Francine, Hélène, Françoise, Jolanda, Marie-Jo, Mari-angela, Karen... toutes celles qu'il a aimées et qui restent vivantes à l'intérieur de ses souvenirs ; pour qui il aura de tendres pensées en se masturbant, tout en attendant l'épuisement de ses provisions...
     Tout au long de Tout à la Main, sous-titre Mémoires d'un Dernier Homme, Andrevon utilise un style cru, souvent proche du langage parlé, sans pour autant manquer d'élégance ou tomber dans une vulgarité de bas étage. Et, chose rare en SF, il nous décrit un personnage profondément humain, auquel il est possible de s'identifier sans trop d'efforts, en prise aussi bien avec ses sphincters qu'avec ses problèmes moraux ou quotidiens !
     Jean-Pierre Andrevon n'est jamais aussi bon que lorsqu'il met à plat ses propres obsessions et parle de lui sans tourner autour du pot. C'est la raison pour laquelle Tout à la Main, œuvre à mi-chemin entre Malevil et L'Homme qui Aimait les Femmes (titres d'ailleurs cités comme références), attachante et émouvante, restera peut-être dans l'esprit de ses lecteurs comme l'un des meilleurs — si ce n'est le meilleur — romans de son auteur.

Richard COMBALLOT
Première parution : 1/1/1989 dans Fiction 404
Mise en ligne le : 3/12/2002

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