Charles Nodier demeure, encore maintenant, un peu trop prisonnier d'une image simpliste : bonhomme aimable que ce bibliothécaire de l'Arsenal, initiateur et partisan du Romantisme, dilettante encyclopédique. C'est oublier l'éloge de Nerval, c'est ne pas tenir compte du poids d'une adolescence sous la Terreur, des deuils et des malheurs, de la hantise du suicide... S'ils ne mettent pas en scène une imagerie tapageuse, un baroque de l'imaginaire, ses Contes déploient d'authentiques révélations de l'onirisme, tout un monde intime apprivoisé et redoutée la fois. Tout se joue dans une écriture fluente où l'on passe insensiblement de la veille aux démons de la nuit.