Au début, Angelina ne comprit pas les paroles, puis elles lui parvinrent avec une effrayante clarté : c'était une prière des morts créole, qu'elle n'avait plus entendue depuis Port-au-Prince, bien des années auparavant. Prié pou'tou les morts... Filius plongea la main dans la coupe, la ressortit, et tendit ses doigts vers le premier des personnages assis. Sa main était mouillée, rouge de sang. Il traça lentement le signe de croix sur le front de l'homme, qui ne bougea pas. ... ancêtre et ancêtre, Afrique et Afrique ; au nom de Mait' Cafou, Legba, Baltaza, Miroi... Aucune des personnes présentes ne bougea. La lumière les éclairait plus crûment, désormais ; Filius allait de l'une à l'autre, dessinant des croix d'un épais trait de sang. Angelina fixait l'écran, la gorge serrée, les entrailles nouées. La lumière vacilla. Son regard abandonna le dos nu du danseur pour se poser sur la peau froide et sèche des personnes assises, toujours immobiles. Angelina comprit enfin pourquoi elles ne bougeaient pas, pourquoi elles ne cillaient pas, pourquoi elles laissaient le sang couler sur leurs joues livides. Elles étaient mortes...

     De la jungle de Brooklyn à celle d'Haïti, un thriller sur fond de culte vaudou, qui prend le lecteur à la gorge pour ne plus le lâcher.