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Les Particules élémentaires

Michel HOUELLEBECQ

Première parution : Paris, France : Flammarion, 1998


J'AI LU (Paris, France), coll. Nouvelle génération n° 5602 suivant dans la collection
Date de parution : septembre 2000
Dépôt légal : août 2000, Achevé d'imprimer : 1 août 2000
Réédition
Roman, 320 pages
ISBN : 2-290-30305-4
Format : 11,0 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction

Photographie : © R. Montfourny / Les Inrockuptibles


Quatrième de couverture
Michel Houellebecq
Né en 1958, il est l'auteur d'un essai sur Lovecraft et de recueils de poèmes, dont Le sens du combat (prix de Flore 1996). Extension du domaine de la lutte, également paru aux éditions J'ai Lu, et Les particules élémentaires (prix Novembre 1998), ont fait de lui le chef de file d'une nouvelle génération d'auteurs.
 
« Dès lors qu'une mutation métaphysique s'est produite, elle se développe sans rencontrer de résistance jusqu'à ses conséquences ultimes.(...) Aucune force humaine ne peut interrompre son cours — aucune autre force que l'apparition d'une nouvelle mutation métaphysique. »
Les particules élémentaires est la chronique du déclin d'une civilisation — la nôtre —, qu'illustre l'existence plate et morose de deux demi-frères, Michel et Bruno, confrontés à leur misérable condition.
Tandis que Bruno s'abîme dans une quête désespérée du plaisir sexuel, la vie amoureuse de Michel continue d'être un pitoyable désastre. Ni résigné, ni satisfait, ce dernier, chercheur en biologie, reste persuadé que ses travaux seront déterminants pour l'avènement d'une nouvelle espèce, asexuée et immortelle, et la disparition — enfin ! — de l'humanité.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition FLAMMARION, ()

     Attendu pour le Goncourt, mais finalement récompensé par le Prix Novembre, Les particules élémentaires fût probablement le principal événement littéraire de 1998, succès lié à la qualité de l'oeuvre, mais peut-être également au parfum de scandale qui l'accompagne : accueil critique extrêmement partagé, exclusion de l'auteur de la revue Perpendiculaire en raison de ses idées, demande d'interdiction du livre par une association "libertaire" mise en cause dans le roman, etc...

     Ce roman est avant tout un témoignage, en forme de bilan, sur la seconde partie de notre XXe siècle, et l'annonce de ce que l'auteur appelle une "mutation métaphysique".
     Ce qui frappe d'emblée est le style, d'une grande crudité, sec, précis, impitoyable... Refusant les métaphores, l'auteur appelle les choses par leurs noms. Le sexe fait en particulier l'objet de nombreuses descriptions froidement réalistes et anatomiques, d'où sont absents la passion ou le plaisir. Ce style apparente le récit à une dissection : plus que des êtres humains, les personnages semblent être des insectes qui s'ébattent sans joie dans un bocal, sous l'oeil inquisiteur et sans concession de l'auteur. Leurs comportements sont d'ailleurs souvent comparés à ceux d'animaux ou même de particules physiques.
     Les deux personnages principaux incarnent deux aspects du désir : Bruno est un obsédé toujours insatisfait, Michel un indifférent imperméable au désir... deux aspects de la misère sexuelle, deux névroses manifestement secondaires à la démission de leurs parents, parents avec lesquels Houellebecq semble avoir des comptes personnels à régler. Les biographies entrecroisées et non-chronologiques de Bruno et Michel permettent de survoler les grandes étapes sociologiques du siècle, de Pif Gadget au New Age, en passant par 68... Houellebecq y égratigne tous les mouvements, jetant dans le même sac écologistes, hippies, satanistes...
     Plus qu'un constat objectif et lucide sur notre siècle, tout ceci permet de percevoir la conception très pessimiste de la vie selon Houellebecq. A travers le déclin annoncé de l'Occident, il nous montre en fait sa peur de la différence, son refus de la liberté, trop difficile à assumer, son refus du désir... Pour lui, le plaisir n'existe pas, l'homme est inutile... La religion est indispensable pour survivre, mais Dieu n'existe pas...
     Tout ceci le conduit naturellement à élaborer une théorie du futur, dans laquelle, à contre-courant de la pensée actuelle, Houellebecq défend l'eugénisme : il fait du Meilleur des mondes un but à atteindre. L'homme doit laisser la place à une nouvelle espèce génétiquement manipulée, espèce dont la reproduction par clonage permettrait de se libérer du fardeau de la sexualité...
     On voit à quel point ces idées sont contestables et on comprend l'accueil très controversé. On peut cependant s'étonner que ce livre ait été parfois pris au premier degré, tant l'exagération y est manifeste, la mauvaise foi à peine dissimulée et la vraisemblance délibérément mise de côté en omettant d'aborder de front les problèmes que soulèverait une telle mutation (en commençant par "de quelle couleur serait la race élue ?")...
     C'est cependant justement ce caractère contestable qui rend le livre passionnant. Car l'auteur, qui joue volontairement les provocateurs et la carte du "politiquement incorrect" pour mieux nous mettre face à nos contradictions, défend son point de vue avec intelligence, érudition et malice... Derrière son masque triste, on l'imagine ricanant, se délectant d'irriter le lecteur, déguisant son ironie qui éclate pourtant dans la dernière phrase du roman : Ce livre est dédié à l'homme !

Pascal PATOZ (lui écrire)
nooSFere


Edition FLAMMARION, (2003)

     Nulle part au milieu de la multitude de papiers critiques ou/et plus ou moins publicitaires qui a fleuri autour du « roman » de Houellebecq, il ne me semble avoir lu qu'il s'agissait d'un roman de SF. Gageons que votre dévoué libraire ne vous l'avait pas signalé comme tel... et pourtant il aurait dû.
     Le prologue précise qu'il est question d'une biographie. Celle d'un homme « qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant la seconde moitié du XXe siècle. » Et l'épilogue fait référence à des événements qui se situèrent en 2069. Il faut dire qu'entre les deux il n'est guère question de SF — quel que soit le sens que vous attribuez à ces deux lettres. Tout au plus peut-on imaginer que les références à Niels Bohr et autres théoriciens (cf. : titre) de la physique quantique (si vous ne savez pas ce dont il s'agit voir Le cantique des quantiques de S. Ortoli et J.-P. Pharabod, Livre de Poche Biblio essai n°4066) et le fait que le chercheur (Michel) dont on nous raconte la vie travaille dans la biologie... comme des données scientifiques... Côté Fiction j'avoue là aussi avoir été sevré...
     Houellebecq — ou à la manière de... — décrit notre époque à travers le vécu de deux frères utérins en utilisant les styles divers des grands auteurs contemporains (Sollers, Quignard, Sagan... liste non exhaustive) et des connaissances — plus ou moins digérées — en matière d'histoire et de psychanalyse... Ses personnages sont tellement plats et insipides même dans leurs travers qu'à moins d'imaginer le lecteur se retrouvant en eux, on se demande ce qu'il — le lecteur — peut bien leur trouver... Ses remarques sur le monde occidental décadent restent banales et presque dignes de figurer dans Les brèves de comptoir de Gourio (même éditeur ! et bien sûr en J'ai Lu). Mais peut-être que le roman n'est tout simplement qu'une « novellisation » de ces brèves que les intellectuels qui se prennent pour Céline (Louis-Ferdinand) ou Rimbaud (Arthur) voire Flaubert (Gustave) nous assènent régulièrement par voix de presse....
     Vous aurez sans doute compris qu'on peut aisément se passer de lire ce livre — en attendant d'en voir le film qu'un tâcheron se chargera de réaliser — et s'inquiéter par la même occasion de ce qu'il ait fait couler autant d'encre parfumée à l'encens (Des Inrocks au Monde en passant par Libé...). Il est vrai que l'argent n'a pas d'odeur, c'est sans doute pour cette raison que l'on peut se féliciter qu'un directeur de collection ait su organiser un tel concert et assurer à l'auteur des revenus substantiels...

Noé GAILLARD
Première parution : 4/2/2003
nooSFere

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
François Rouiller : 100 mots pour voyager en science-fiction (liste parue en 2006)

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
Les Particules élémentaires , 2006, Oskar Roehler

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