Lorsque Jack arrive à Venise, il est à l'heure du bilan. Parfaitement réceptif (culpabilité, rupture sentimentale...), il y découvrira, l'insomnie aidant, l'ambiance parfaite pour une remise en question.
Ce n'est pas tant qu'il est fasciné par Venise, décrite comme "une pomme qui a l'air d'être extraordinaire de l'extérieur, mais dont l'intérieur est occupé par un asticot géant"... Au contraire, loin du dépliant touristique, l'auteur insiste plutôt sur les ruelles sombres et sur la pourriture de cette ville promise à une lente submersion.
La prise de conscience vient plutôt du contraste entre la jeune Amérique matérialiste et la vieille Europe, avec sa noblesse décadente où toutes les femmes sont des
putains. Oubliant subitement sa carrière, sans s'en soucier le moins du monde, Jack sera attiré par la mystérieuse Catarina qui se dérobe sans cesse... mais au bout du compte il trouvera un équilibre entre ces deux mondes extrêmes.
Dans ce récit initiatique, le fantastique ne fait qu'affleurer. Très classique dans sa thématique et dans son décor, Girardi trouve le ton juste et évite l'impression de
déjà vu. L'écriture légère et délicate évite les écueils du genre : pas d'effets de grand-guignol, pas de pathos encombrant, pas de scène superficiellement spectaculaire... La peur est d'ailleurs totalement absente de l'intrigue, dont la crédibilité est renforcée par d'autres histoires annexes, comme la rencontre avec son père ou comme les analyses politiques.
En bref, une variation intéressante qui ne renouvelle pas le genre mais qui plaira aux amateurs de fantômes amicaux et d'ambiances fantastiques légères mais envoûtantes.
Pascal PATOZ (lui écrire)
nooSFere