1 - L'Absence, nouvelle 2 - L'Affiche, nouvelle 3 - L'Attente, nouvelle 4 - L'Avenir, nouvelle 5 - Le Balcon, nouvelle 6 - Le Boucher, nouvelle 7 - Le Brochet, nouvelle 8 - Le Bruit, nouvelle 9 - Le Café, nouvelle 10 - Le Carré, nouvelle 11 - Le Cauchemar, nouvelle 12 - La Chaîne, nouvelle 13 - Le Château, nouvelle 14 - Le Complot, nouvelle 15 - Le Cri, nouvelle 16 - La Cure, nouvelle 17 - Les Demeures, nouvelle 18 - La Dent, nouvelle 19 - Le Départ, nouvelle 20 - Le Dernier wagon, nouvelle 21 - La Disparition, nouvelle 22 - L'Eau, nouvelle 23 - L'Échelle, nouvelle 24 - Les Ennemis, nouvelle 25 - L'Ennui, nouvelle 26 - L'Erreur, nouvelle 27 - L'Étage, nouvelle 28 - L'Exécution, nouvelle 29 - La Fabrique, nouvelle 30 - Le Facteur, nouvelle 31 - La Fermeture, nouvelle 32 - Le Fiacre, nouvelle 33 - La Fin, nouvelle 34 - La Foire, nouvelle 35 - La Frontière, nouvelle 36 - La Fuite, nouvelle 37 - La Galerie, nouvelle 38 - La Gare, nouvelle 39 - La Grille, nouvelle 40 - Les Groupes, nouvelle 41 - Les Guides, nouvelle 42 - L'Horticulteur, nouvelle 43 - Les Images, nouvelle 44 - L'Impasse, nouvelle 45 - L'Incarcération, nouvelle 46 - L'Inconnu, nouvelle 47 - L'Inexplicable, nouvelle 48 - Le Jeu, nouvelle 49 - Le Labyrinthe, nouvelle 50 - Le Laveur de vitres, nouvelle 51 - La Ligne droite, nouvelle 52 - Le Locataire, nouvelle 53 - La Machine, nouvelle 54 - Les Mains, nouvelle 55 - Le Masque, nouvelle 56 - Le Meurtre, nouvelle 57 - Les Miroirs, nouvelle 58 - Le Mort, nouvelle 59 - Le Musée, nouvelle 60 - L'Œil, nouvelle 61 - L'Opération, nouvelle 62 - Le Papier peint, nouvelle 63 - Les Pas, nouvelle 64 - Le Peloton, nouvelle 65 - La Pension de famille, nouvelle 66 - La Perspective, nouvelle 67 - Le Phénomène, nouvelle 68 - La Place, nouvelle 69 - Le Plafond, nouvelle 70 - Le Point de jonction, nouvelle 71 - La Politesse, nouvelle 72 - Les Portes, nouvelle 73 - Les Preuves, nouvelle 74 - La Préventive, nouvelle 75 - Le Problème, nouvelle 76 - La Rampe, nouvelle 77 - Le Reflet, nouvelle 78 - La Rencontre, nouvelle 79 - Les Représentants, nouvelle 80 - Le Rescapé, nouvelle 81 - Le Retour, nouvelle 82 - Le Rêve, nouvelle 83 - Les Réverbères, nouvelle 84 - Le Rideau, nouvelle 85 - Le Risque, nouvelle 86 - La Rue, nouvelle 87 - La Sanction, nouvelle 88 - Le Sentiment, nouvelle 89 - La Serre, nouvelle 90 - Le Son, nouvelle 91 - La Sonnerie, nouvelle 92 - La Sortie, nouvelle 93 - Le Sous-sol, nouvelle 94 - Le Square, nouvelle 95 - Le Tapis, nouvelle 96 - Le Temps, nouvelle 97 - Les Traces, nouvelle 98 - Le Trajet, nouvelle 99 - Le Tricot, nouvelle 100 - Les Vacances, nouvelle 101 - La Vitrine, nouvelle
« La Géométrie dans l’impossible », par Jacques Sternberg (Édit. Arcanes). Pour un mourant maintes fois enterré par ses détracteurs, le Surréalisme se porte dans cet ouvrage plutôt bien. Il est même intéressant, en un temps où ce genre littéraire fait déjà figure de classicisme, d’en voir avec tant d’aisance et de bonheur utiliser les principaux effets, tels qu’ils ont été vulgarisés par l’usage. À cet égard, on pourrait dire que ce recueil de textes en prose est une synthèse des procédés les plus éprouvés, mais ce serait réduire à un simple mécanisme ce qui découle avant tout d’une inspiration personnelle et singulière. Il est évident que l’auteur connaît ses aînés : il fait parfois penser, sur le plan des choses, à un Max Ernst ou un Bunuel (celui, évidemment, du « Chien andalou ») et, sur le plan des idées, à un Cocteau plus sardonique ou un Kafka sans métaphysique. De façon plus générale, d’ailleurs, son livre – hors des limites du Surréalisme – est une vaste référence aux grands thèmes de la littérature fantastique : rêve s’intégrant à la réalité, vie occulte des reflets dans les miroirs, menaces subites d’agents inconnus ou familiers, dédoublements, transferts dans la quatrième dimension de l’espace et dans celle du temps, etc. (Un autre thème, plus original bien qu’assez kafkaïen, est traité avec une persistante continuité : c’est celui de la Ville où la Loi n’est plus qu’un ensemble de formes creuses, un instrument aveugle et cruel dont chaque citoyen est l’esclave puni de châtiments sans motifs, comme dans un camp de concentration.) Cependant, affinités et emprunts ne sont pour l’écrivain que prétexte à exercer son imagination propre, son goût de l’insolite et du baroque, son sens de la mise en scène. Toute cette « dramaturgie de l’étrange » est orchestrée avec une habileté que la simplicité directe du ton rend encore plus efficace. Et elle engendre vite une inquiétude qui tourne au malaise. À noter, toutefois, qu’elle s’accompagne d’un humour atrocement noir, réjouissant à force de férocité. Mais cet humour est sans rapports avec le « nonsense », l’absurdité gratuite qu’on trouve, après Lewis Carroll, chez un Benjamin Péret ou un Tristan Tzara. Ici, en fait, si abracadabrant il y a, c’est toujours sous le rapport d’une logique interne, logique que l’on pourrait qualifier d’onirique, car elle est celle même des rêves et des cauchemars. Finalement, il est permis, après une pareille œuvre de début, de voir en Jacques Sternberg un futur grand conteur fantastique.
Alain DORÉMIEUX Première parution : 1/2/1954 Fiction 3 Mise en ligne le : 21/2/2025