États-Unis, fin des années 1950. Karen, Tim et leur sœur Laura possèdent le don de voyager entre les mondes. Mais dans leur famille on n'en parle pas, ou alors au prix d'une raclée. Et on déménage. Tous les ans, une nouvelle ville. Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette fuite ? Qui est ce menaçant homme en gris qui les retrouve à chaque escale et semble partager leur étrange pouvoir ?
Canada, de nos jours. La vie ordinaire que Karen s'est efforcée de mener depuis quarante ans vole en éclats le jour où son mari la quitte et où son fils de quinze ans, Michael, se révèle capable d'utiliser le talent maudit. En quête de réponses, elle se rend avec lui à Los Angeles pour retrouver sa sœur, hippie sur le retour qui a choisi de vivre dans une Californie parallèle. C'est le point de départ d'une épopée fantastique qui les emmènera à travers plusieurs dimensions d'un bout à l'autre du continent nord-américain.
Mais il faut faire vite : l'homme en gris a toujours une longueur d'avance.
Roman d'aventures haletant, immersion dans un univers fantastique unique, Les fils du vent est avant tout une réflexion d'une finesse psychologique rare sur les liens familiaux.
Né en 1953 en Californie mais vivant aujourd'hui à Vancouver, Robert Charles Wilson s'est imposé comme l'une des têtes de file de la science-fiction canadienne avec des romans tels que Mysterium, BIOS, Darwinia ou Les Chronolithes, qui lui ont valu de nombreux prix littéraires.
Critiques
Karen est une femme au bord de la crise de nerfs. Lorsque son mari la quitte, l'existence ordinaire où elle croyait s'être réfugiée vole en éclats et le passé ressurgit, brutal, par le truchement de son fils, Michael, qui lui aussi possède un talent maudit.Tout comme elle, tout comme son frère disparu, Tim, et aussi sa sœur, Laura, laquelle a choisi une voie moyenne et vit dans une Californie parallèle, où les Beatles sont de parfaits inconnus et où la TV retransmet en direct les funérailles de JFK qui vient de mourir de mort naturelle, à un âge avancé. Car d'autres mondes existent. Toutes ces années, à l'opposé de Tim, soupçonné d'avoir succombé à la tentation et répondu à l'invitation au voyage, Karen s'est ingéniée à refouler des souvenirs qui n'ont désormais pas plus de consistance que l'ombre d'un cauchemar.
Au point d'éteindre le don en elle. Willis Fauve, terrorisé par le pouvoir de ses trois enfants, leur avait inculqué le chemin de la dénégation et de la fuite, à coups de poing. Fuir éternellement la menace maléfique incarnée par un homme au chapeau et au costume gris, d'aspect diabolique, qui semblait vouloir les attirer hors du monde, par une porte étroite menant à un univers froid et sinistre, parfaitement étranger et pourtant si familier. Karen avait retenu la leçon paternelle. Mais il lui faut à présent protéger son fils, plus enclin à suivre les traces de son oncle disparu. Alors fuir encore... ou bien se retourner sur le passé. L'affronter ? Renouer les fils, pour comprendre. Rejoindre Laura puis rechercher Tim. Faire face à l'inquiétant messager vêtu de gris. Renouer avec Jeanne et Willis Fauve. Percer des secrets de famille qui donneraient enfin un sens au pouvoir si particulier de voyager entre les mondes, à ce mélange subtil d'attirance et de répulsion qu'il procure. Regarder en face les fantômes. Comme l'écrivait Philippe Curval, l'humain est chez Wilson le sel de la science-fiction. La profondeur psychologique qu'il parvient à insuffler à ses personnages est un prodige pétri de simplicité, dénué d'artifice. Mais cette force de Wilson n'est pas son seul atout. Comme toujours dans ses œuvres, il parvient à faire sien un thème classique en l'abordant sous un angle inédit — ici la recherche de l'identité — et transcender une réalité où l'humain cherche sa place.
Jonas LENN Première parution : 1/6/2005 dans Galaxies 37 Mise en ligne le : 24/1/2009