POCKET
(Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5862 Date de parution : 14 avril 2005 Dépôt légal : avril 2005, Achevé d'imprimer : mars 2005 Réédition Recueil de nouvelles, 416 pages, catégorie / prix : 8 ISBN : 2-266-15143-6 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Fantasy
Géralt de Riv est une créature mi-humaine mi-magique. A la fois mage et guerrier, c'est un mercenaire redoutable, un chasseur de monstres dont la réputation n'est plus à faire : c'est le meilleur sorceleur jamais connu. Son étrange apparence — de longs cheveux blancs et des yeux nyctalopes — fait de lui un héros solitaire. Tueur à gages parfait, il va de ville en ville pour gagner sa vie. Il croise sur sa route nombre de personnages pittoresques, qui lui offrent parfois l'amitié ou l'amour. Mais Géralt de Riv, armé de sa dague et de son humour caustique, ne cherche qu'une chose : retrouver sa part d'humanité perdue.
Andrzej Sapkowski est avec Stephen King et Michael Crichton l'auteur le plus populaire de son pays. Les aventures de Géralt de Riv ont été adaptées au cinéma, à la télévision, en BD et en jeu de rôles !
Bien que rien ne l'indique, Le Dernier vœu n'est pas un roman mais un recueil composé de six nouvelles séparées par les sept chapitres d'un septième récit. Ces textes narrent plusieurs aventures de Geralt de Riv, ni sorcier, ni tueur à gages, ni mercenaire, mais tout cela à la fois et davantage encore : il est un « sorceleur », c'est-à-dire un mage et un meurtrier d'exception que l'on recrute dans les situations désespérées. Sa réputation est telle qu'il ne manque pas de propositions d'embauche, mais il ne vend ses services que si la cause est conforme à son éthique : dans cette « époque pourrie » où pullule « la vermine en tout genre », il s'est fixé pour but de nettoyer le monde des démons qui y rôdent, striges, brouxes, kikimorrhes, vyppères, etc.
Bref, il s'agit d'un héros d'Heroic Fantasy assez classique, un surhomme quasi invincible, plus ou moins justicier auto-proclamé. Au premier degré, cela promet de l'action à grand spectacle, au second, une idéologie — si l'on doit en chercher une — que le lecteur bougon pourra trouver un peu douteuse. Soulignons toutefois que le sorceleur est plus proche des créatures et des sorciers qu'il combat que des hommes ordinaires puisqu'il est lui-même une sorte de monstre : il illustre l'éternel paradoxe du mercenaire qui élimine ses semblables pour créer un monde où il n'aura finalement plus sa place.
Son aspect de nyctalope aux cheveux blancs rappelle évidemment le personnage d'Elric le nécromancien, mais Geralt ne possède pas la personnalité torturée et ambivalente de celui-ci. Au contraire, c'est un personnage assez entier qui se remet peu en question, et en ce sens, il est plus proche de Conan. En fait, Geralt parvient à trouver une place intermédiaire entre ces deux grandes heroic-figures, grâce à des récits bien menés où les personnages secondaires sont souvent plus ambigus et donc plus intéressants que le sorceleur lui-même. On y trouve de plus quelques bonnes surprises : des histoires assez étoffées, un peu d'humour, un soupçon de truculence, certaines transpositions très distanciées de contes comme Blanche-Neige ou La Belle et la Bête...
Fait notable, Andrzej Sapkowski est un compatriote de Stanislas Lem. Certes, son origine polonaise est difficile à percevoir à la lecture, au contraire de l'influence anglo-saxonne, mais Sapkowski est présenté par l'éditeur comme « l'un des cinq auteurs best-sellers polonais », qui « dépasse ainsi, dans son pays, Stephen King, Michael Crichton ou John Grisham ». Son œuvre est traduite en sept langues et aurait même fait l'objet d'adaptations en BD et au cinéma.
Même si l'on finit par se méfier des habituels dithyrambes de Bragelonne, on reconnaîtra volontiers le talent de conteur de ce nouvel auteur. Pour qui n'est pas allergique à l'Heroic Fantasy — c'est une condition évidemment nécessaire — la lecture s'avérera agréable, le personnage du sorceleur s'imposant d'emblée comme un héros marquant du genre.