T. Wallace Wooly Jr. est un richissime homme d'affaires aussi niais que pétri d'autosatisfaction. Après avoir sauvé une jeune femme nue d'un incendie, il tombe sous la coupe de celle-ci et l'épouse, avant de s'apercevoir de son étrange comportement...
Pour ceux qui ont grandi avec Ma sorcière bien-aimée, difficile de résister à la tentation de lire ce roman qui serait à l'origine de la série. En réalité, les producteurs de cette dernière ont nié s'être inspiré de ce récit ou de son adaptation cinématographique par René Clair — I married a witch, 1942, avec Veronica Lake et Fredric March. On comprend pourquoi à la lecture : si l'argument paraît identique, le traitement en est tout de même assez différent.
En effet, dans le roman, Jennifer se montre une sorcière plutôt redoutable et sulfureuse, qui pratique la magie noire sans remords. Volontiers érotique, elle offre finalement assez peu de points communs avec la charmante Samantha. De même, même s'ils sont tous deux assez benêts, T. Wallace Wooly Jr. et Darrin/Jean-Pierre sont loin d'avoir le même caractère.
Certes, l'humour demeure très présent dans le roman de Smith. Par exemple, le mari abstinent et végétarien est contraint de s'enivrer en permanence pour échapper à l'un des sorts jetés par sa femme, ce qui n'est pas sans provoquer quelques quiproquos. Il s'agit cependant d'un humour plus ouvertement satirique et sarcastique que celui de la gentille comédie familiale que nous connaissons.
En tout cas, voilà une heureuse réédition, qui nous permet de redécouvrir « l'un des représentants les plus remarquables et les plus méconnus en France de la littérature comique américaine », dont l'oeuvre littéraire « ne trouve de véritable équivalent que dans les comédies survoltées qu'Hollywood produisit entre les deux guerres. » (p.247) Pas un chef d'œuvre, sans doute, mais un divertissement léger et de qualité.