LE POINT DE VUE DES ÉDITEURS
Roy Lewis, l'auteur de Pourquoi j'ai mangé mon père (roman désopilant où il se livrait à une satire de la technologie et du progrès sous couvert d'un récit préhistorique), récidive ici avec une joyeuse uchronie. Il imagine cette fois qu'en 1948 une révolution socialiste a imposé au monde civilisé un paradis égalitaire où les citoyens vivent désormais à l'abri d'une industrialisation débridée et de progrès corrupteurs.
Or, dans certains pays comme l'Angleterre, le nouveau régime, mû par des raisons utilitaires, n'a pas renoncée à... la royauté. C'est le destin et le rôle de ces étranges souverains, qui règnent pendant un siècle - jusqu'au moment où, en 1949, une contre-révolution instaure le règne du progrès technique et de la consommation à outrance - , que raconte le dernier roi socialiste, George Akbar I, auquel Roy Lewis prête une verve irrésistible.
L'amour n'est pas absent de ce récit qu'éclaire deux belles figures : Mina, l'épouse indienne imposée au roi par la raison d'État, et Léonie, militante active qui participe à la révolte. Mais au-delà de leurs destins et part le travers des péripéties multiples, c'est l'amer et souriant humanisme de Roy Lewis qui scintille dans cette uchronie où personne n'est épargné, ni les idéalistes à la dérive, ni les partisans d'un libéralisme immodéré, et où la confusion des intérêts et des idées reflète les remous de notre temps.
Journaliste et sociologue, Roy Lewis, pour être venu tard à la littérature, n'en a pas moins fait une entrée remarque avec Pourquoi j'ai mangé mon père (Actes Sud, 1990) puis avec Mr Gladstone et la demi-mondaine (Actes Sud, 1993).