Djeeb le Chanceur fait partie des découvertes les plus enthousiasmantes de l'année passée. Premier roman pour adultes, après un
Aria des brumes publié sous le pseudonyme de
Don Lorenjy chez un éditeur « jeunesse » en 2008 (le regretté
Le Navire en pleine ville), il introduisait un personnage particulièrement charismatique et attachant, Djeeb Scoriolis, aventurier patenté, beau-parleur infatigable et indécrottable coureur de jupons. Un héros qui, sous des dehors frivoles, révélait progressivement une complexité inattendue.
Ses péripéties se poursuivent donc dans ce deuxième roman, reprenant peu ou prou là où elles s'étaient arrêtées dans le volume précédent. On retrouve Djeeb dans une de ces fâcheuses postures dont il est coutumier, obligé de fuir, la queue entre les jambes, le lit d'une belle lorsque son mari rentre à l'improviste. Quelques péripéties plus tard, le voilà prenant part à une expédition hors des murs de Port Rubia, à la recherche d'une caravane portée disparue.
En envoyant son héros battre la campagne, Laurent Gidon donne à
Djeeb l'Encourseur une tonalité assez différente du premier roman, élargissant son champ d'action et substituant aux secrets d'alcôves et aux intrigues politiques l'exploration de ce monde. Un monde dont le lecteur va être amené à s'interroger sur la nature exacte après la découverte d'un artefact dont l'existence même remet beaucoup de choses en question.
Avec
Djeeb le Chanceur, le romancier avait mis au point une recette d'une belle efficacité, un mélange de comédie et de récit d'aventures s'appuyant sur un héros suffisamment fort pour que la formule puisse se décliner au fil des volumes suivants.
Djeeb l'Encourseur, en introduisant toute une série de questions sur la nature de l'univers où se situe l'action, prend le risque de démolir ce cadre confortable pour ouvrir d'autres pistes et donner à cette série une toute autre tournure. Un risque qui peut être payant, à condition que les réponses ne déçoivent pas.
En attendant, malgré quelques longueurs à mi-parcours,
Djeeb l'Encourseur renouvelle le plaisir de lecture procuré par le précédent volume. L'écriture de Laurent Gidon est toujours aussi joliment évocatrice, et Djeeb Scoriolis demeure un personnage dont on a envie de suivre les aventures aussi longtemps que possible.
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