« Paname, ça déménage »
On peut être un très gros Tyrannosaure et aimer les grandes villes. Cependant quand j'ai pris « Avant le déluge », je me suis dit in petto (car je suis polyglotte et que le latin n'est pas plus mort que l'argot des années 50 et qu'on y reviendra peut-être plus vite que pour ce dernier) EN-CO-RE un détective en SFFF
Autant le dire tout de suite, j'y suis allé à reculons. Je sortais de « Lasser » du noir duo Philippe Ward et Sylvie Miller ainsi que d'une aventure du Garett de Glenn Cook . Bêtement oui.
Parce que le Raphaël, il sait y faire !
L'ouvrage est trapu et dense et il m'a tenu éveillé un bon quart de douzaines de soirées pour en venir à bout (avec regret — sans compter un habile cliffhanger qui laisse présager d'une suite qu'on attend avec impatience).
L'histoire commence avec une joyeuse équipe dont la dernière aventure s'est déroulée avec succès, la dotant d'une réputation et d'une rémunération importante. Je ne vous en dirai pas plus, ne l'ayant pas (encore) lu.
Le décor est Paname. Plus que le nom argotique de Paris, la ville en est un clone dans un monde médiéval-fantastique où les standards de la magie, du steampunk et ceux de la présence du petit-peuple sont élevés.
La ville est sous la domination d'un duc mais des contre-pouvoirs existent entre les diverses écoles de magiciens et la révolte qui gronde chez les républicains.
Nains, leprechauns, centaures, ogres, démons, elfes, humains, incantations, runes, moto à vapeur, dryades, gentleman cambrioleur, zombies, technomages, assassins, lanciers, canons, dirigeables de guerre... Il y en a pour tous les goûts.
Le héros de l'ouvrage est Sylvo Sylvain, un elfe qui souffre de son statut d'exilé entouré de nombreux amis dont Pixel une petite créature ailée à la langue bien pendue.
Raconter « Avant le déluge » est un exercice complexe, tant l'intrigue principale rebondit et se perd dans les méandres complexes d'intrigues et évènements annexes toujours riches plantant le monde de l'auteur avec précision et intérêt.
L'humour, secondaire dans le roman, est omniprésent et les connaisseurs de Paris, s'amuseront des similarités entre les noms de lieux (j'ai ma petite préférence pour la place Mygale). Mais le sujet reste grave.
De violentes perturbations climatiques ont frappé le pays causant des décès parmi la population sans que l'on comprenne les raisons de si violentes anomalies atmosphériques. Les technomages ont heureusement trouvé une solution par l'intermédiaire d'une gigantesque magie-machinerie enterrée dans leurs caves et sont désormais capables de réguler le temps. Ils deviennent donc des héros.
Mais Jacques Londres le fameux journaliste disparait. C'est un « ami » du groupe et sous la pression de ses associés, Sylvo enquête sur sa disparition. Et Londres se renseignait de près sur l'énorme contrat (d'assassinat) lancé sur le gentleman cambrioleur Arsène Lutin. La vieille et riche famille de nains Dorf, les technomages, un cirque mystérieux, un éventreur, un démon-assassin et c'est reparti !
Le piège de la densité en évènements et personnages reste de se perdre. Et bien non ! Pas pour Raphaël Albert qui maîtrise parfaitement son scénario plein d'émotions, de magie, de batailles, de poursuites et d'humanité. Un George R.R. Martin nous en aurait fait dix volumes.
Un très bon moment. Chapeau bas Monsieur Albert !
Alors, lisez-le ! Ou je vous bouffe