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Le Roi de bruyère

Greg KEYES

Titre original : The Briar King, 2003
Première parution : Del Rey, 2003   ISFDB
Cycle : Les Royaumes d'épines et d'os vol. 1 

Traduction de Jacques COLLIN
Illustration de Didier GRAFFET

FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions (Paris, France), coll. Rendez-vous ailleurs précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : décembre 2004
Roman, 492 pages, catégorie / prix : 20 €
ISBN : 2-265-07744-5
Genre : Fantasy


Quatrième de couverture
     Dans le royaume de Crotheny, deux jeunes filles jouent dans les jardins luxuriants de la cité sacrée des morts. Fuyant un agresseur imaginaire, la téméraire princesse Anne et sa compagne découvrent la crypte inconnue de la légendaire reine ancestrale, Virgenye Dare.
     Dans les profondeurs de la forêt, alors qu'il enquête sur le massacre d'une famille innocente, le forestier du roi, Aspar White, se fraye un chemin à travers un labyrinthe de saules immémoriaux, et se retrouvent face à face avec une bête monstrueuse qui n'existait que dans les légendes et les cauchemars.
     Au même moment, un jeune prêtre lettré entame son apprentissage de la nature du mal, grouillant sous la surface d'une terre apparemment paisible.
     La famille royale est elle-même bientôt confrontée à une trahison que seule la sorcellerie aurait pu accomplir. Crotheny, la nation la plus puissante de la planète, est en danger : le Roi de bruyère, annonciateur d'apocalypse, s'est éveillé de son sommeil.
     Ainsi débute la geste des Royaumes d'épines et d'os, une saga épique de guerre et de vertu, de sorcellerie et de maléfices...

     Greg Keyes est né en 1963 à Meridian, Mississipi, dans une famille de conteurs. Il a vécu avec les indiens navajos dont il a appris la langue. Après des études d'anthropologie à l'Université du Mississipi et à l'Université de Géorgie, il se consacre à l'écriture et vit à Savannah en Géorgie. Il est entre autres l'auteur du cycle L'Âge de la déraison aux éditions Flammarion. Avec la tétralogie des Royaumes d'épines et d'os, Greg Keyes porte la fantasy vers de nouveaux sommets.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions, Rendez-vous ailleurs (2004)

     Une princesse intrépide aussi dédaigneuse du protocole que la légendaire Sissi, un forestier bourru qui connaît mieux le cœur des arbres et des bêtes que celui des humains, un jeune clerc vantard et sûr de son savoir, un écuyer au cœur pur ignorant des usages de la cour, sans oublier la prophétie à laquelle personne ne croit, un traître qui convoite le trône, véritable Jean sans Terre, tous les éléments sont réunis pour faire du Roi de Bruyère un bon roman d'aventures. Ajoutez-y quelques créatures extra-humaines, mythiques — les Skasloï, antiques Seigneurs qui réduisaient les humains en esclavage — ou actuelles — les Sefry qui craignent la lumière — et des humains surgis de différents lieux et époques de la Terre : vous obtiendrez un roman de fantasy.
     Oui, mais voilà : à tous ces ingrédients, qui pourraient former un ragoût savoureux, il manque une recette. Alors, certes, la magie décrite diffère de ce qu'on a pu déjà lire, de nombreux mots n'existent nulle part ailleurs — sacritor, greffyn, etc. — et le traducteur a dû s'amuser à trouver des équivalents aux mots originaux, sonnant familièrement, mais les personnages manquent de profondeur, de charisme, et l'histoire, lue et relue de nombreuses fois sous des plumes bien plus intéressantes, traîne en longueur. En fait, on ne commence à s'intéresser au Roi de Bruyère qu'après les 300 premières pages, quand le récit acquiert un peu d'originalité.
     À partir du moment où Greg Keyes se décide enfin à sortir des sentiers battus, on est pris par l'intrigue, on veut savoir ce que deviennent les héros, s'ils se tirent d'affaire, et comment. Mais pour en arriver là, il aura fallu avaler une longue introduction, à laquelle on ne pourra pourtant pas reprocher de se perdre en descriptions inutiles : le roman est presque entièrement constitué de dialogues. Alors, à quoi tient cette lenteur, cette perte de temps ? C'est que ces dialogues poussent le souci réaliste jusqu'à la moindre parole des protagonistes, si futile soit-elle. Or, ce qui, écrit par un autre, aurait permis de mieux cerner les caractères, de s'attacher aux personnages, ne fait ici que délayer la sauce, inutilement.
     Espérons que cette longue introduction ne se répètera pas lors des tomes suivants des Royaumes d'épines et d'os et que l'auteur entrera tout de suite dans le vif du sujet.

Lucie CHENU
Première parution : 10/5/2004
nooSFere


Edition FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions, Rendez-vous ailleurs (2004)

     Impression, hasard ou veine inexplicable : plus je lis de fantasy contemporaine, et plus je rencontre de textes intéressants, de récits qui savent se faire novateurs dans la tradition. C'est encore le cas avec ce nouveau Greg Keyes, premier opus d'une tétralogie prometteuse.

     Dans un lointain passé, le peuple de Croatanie s'est libéré du joug des seigneurs skasloï. La révolte, initiée par les « Hommes-Nés », arrivés depuis peu dans le pays, a triomphé grâce au concours d'une femme, la « Reine-Née » Génia Dare. Elle sera la première souveraine de l'ère d'Erévon, celle de la paix et de la civilisation.

     Deux mille ans plus tard, la jeune princesse Anne Dare découvre, alors qu'elle joue dans la cité des morts avec son amie Austra, le tombeau de sa légendaire ancêtre, dont elle semble avoir hérité la témérité et les talents de magicienne. Une communication mystique, ténue mais effective, s'établit entre elles. Commencent alors à se produire dans la forêt des crimes atroces et mystérieux, que l'on attribue au « greffyn », animal terrifiant relevant du même folklore que le « Roi de Bruyère », celui dont le réveil doit annoncer la fin du monde, selon les croyances populaires.

     Cinq grands destins vont alors se croiser...

     Certes, il n'est pas toujours simple d'oublier ici les noms de Robin Hobb ou Peter F. Hamilton — il est vrai qu'il y a plus que des points communs entre Spendlove et le Quinn Dexter de Rupture dans le réel — , voire celui d'Holdstock — du fait du titre, déjà, Le Roi de Bruyère, qui évoque le fameux Passe-Broussaille — , bref, de ne pas se dire que tout ceci a comme un goût de déjà lu... Certes. Sauf que nous sommes ici en présence de l'auteur de la tétralogie de « L'Age de la déraison », cycle au cours duquel Keyes démontra à loisir l'étendue de ses capacités et lui valut un Grand Prix de l'Imaginaire 2002 mérité. De fait, dès le prélude, on plonge dans un univers à la fois original et cultivé, un substrat où se croisent des peuples dont les origines tiennent à la fois des mondes romain, germanique et celte, dans une fusion bien plus étroite qu'une simple identité pseudo-européenne.

     Là où l'auteur est particulièrement bien inspiré, c'est qu'il émaille son texte de vocables originaux qui sont autant de clins d'œil pour le lecteur polyglotte. Malheureusement, on hésite parfois entre le néologisme et la déformation phonétique d'un terme qui aurait un sens précis dans une langue morte ou vivante. Du coup, on se surprend à toujours craindre de perdre un peu de la finesse du texte. L'écriture de Keyes fascine aussi par son art d'introduire le drôle au détour d'une phrase, quitte à trancher avec le ton général du récit. L'effet est d'autant plus réussi que ces moments sont rarissimes : à peine quatre ou cinq fragments sur cinq cents pages, mais d'une efficacité telle qu'on ne les oublie pas.

     Un bémol, toutefois : la traduction. Sans insister sur des maladresses de styles dommageables à la fluidité de l'écriture, on soulignera le choix surprenant d'un mélange entre tutoiement et vouvoiement dans les dialogues, sans la moindre justification au choix qui prévaut dans chaque cas. Cela aurait valu, de la part de l'intéressé, pour le moins une note explicative : entendre un écuyer marquer le plus grand respect à sa reine tout en la tutoyant, cela surprend un lecteur européen. On demeure disposé à croire que ce choix est fondé, mais encore faudrait-il qu'on nous dise en quoi.

     Reste au final un livre tout à fait passionnant, dont on a hâte de découvrir les prochains opus et qui pourrait valoir à son auteur une nouvelle récompense littéraire méritée.

Sylvie BURIGANA
Première parution : 1/4/2004
dans Bifrost 34
Mise en ligne le : 11/5/2005

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