« Le vent se leva au moment même où l'astronef posait son train d'atterrissage sur la piste bétonnée de l'aéroport. À l'instant précis où les grosses ventouses métalliques montées sur vérin entraient en contact avec le sol — agrandissant le réseau de lézardes sillonnant l'aire de stationnement — , le souffle déferla sur les bâtiments, fouettant les lignes sans grâce d'une architecture presque uniquement composée de dômes joufflus percés de meurtrières. »
Sur la planète Santal souffle un ouragan permanent qui arrache les cheveux, scalpe les forêts et aspire les cercueils hors du sol. Un vent râpeux comme du papier de verre, qui fond sur les hommes pour les écorcher vifs. Souffle divin ou démoniaque ? Nul ne le sait, pas même les sectes fanatiques et meurtrières qui prolifèrent sur ce monde infernal, tentant d'imposer leurs croyances barbares...
Planet Opera empreint d'une poésie ténébreuse et chaotique, pour la première fois publié en un seul volume, le cycle des Ouragans vous invite à un voyage sans retour dans l'imaginaire halluciné de Serge Brussolo.
Né en 1951, Serge Brussolo a imposé sa signature comme l'une des plus originales de la littérature française. Adepte de l'absurde, de la démesure, il s'est acquis une large reconnaissance publique et critique aussi bien pour ses romans policiers que pour ses œuvres de science-fiction.
1 - Rempart des naufrageurs, pages 5 à 235, roman 2 - La Petite fille et le doberman, pages 237 à 527, roman 3 - Naufrage sur une chaise électrique, pages 529 à 708, roman
Sous ce titre sont présentés trois romans précédemment parus en Présence du Futur, la défunte collection SF des éditions Denoël : Rempart des naufrageurs, La Petite Fille et le Doberman et Naufrage sur une chaise électrique. Le titre renvoie au lieu imaginaire, la planète Santal, où vont se croiser de curieux itinéraires. Impossible de raconter ces romans. Au cœur des trois récits, Nathalie et Cedric, le doberman, qui affrontent tous les dangers (les ouragans et les prêtres) et s'éclipsent à la fin. Entre temps, on aura atterri sur Santal où les vents sont si violents qu'on se déplace dans d'énormes tortues dont les écailles supérieures sont creusées pour installer une salle des machines afin de diriger ces monstres. On rencontre d'étranges cultes : les Pesants qui s'alourdissent pour ne pas s'envoler, les Aériens qui ne veulent pas toucher terre de peur de contribuer à son affaissement, etc. La capitale Almoha est aux mains de prêtres dont la religion est à éviter. Ils poursuivent, en la taxant d'hérésie, Nathalie qui se réfugie sur une sorte de lac métallique où vivent des chevaux électrifiés.
Brussolo nous entraîne dans un vertige d'images, de comparaisons, de métaphores qu'il file dans tous les sens, avec une logique extrêmement semblable à des rapprochements de type onirique. Quelques exemples : La maison du père de Nathalie est une sorte de charrue géante que le vent oblige à labourer le sol, mais qui se dirige droit vers la mer. Une jeune fille pense trouver son horoscope sous le soleil de Santal, elle finira par se laisser engloutir par une moule géante. Les prêtres inventent des opéras dont les joueurs de flûte utilisent des os de mégathérium. Mais... tous ces éléments disparates et déments sont subtilement reliés par un je-ne-sais-quoi qui est sans doute ce qu'on nomme le style. Par ces récits, l'imaginaire brussolien est à saisir dans toute sa splendeur. On peut détester ces textes si on ne goûte qu'une SF hard, ou même de type sociologique. Quoique... à y regarder de près, sa présentation du dérisoire des idéologies et des pratiques des prêtres de cette planète peut donner à penser...
Il est dommage que Brussolo ait abandonné les rivages de la SF, qui lui permettait une liberté si entière, pour les règles du polar, ou les variations sur thèmes connus de la littérature non « marquée ».