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La 6ème colonne. Si les Russes attaquaient...

FRANCOIS



STOCK
Dépôt légal : 1er trimestre 1980, Achevé d'imprimer : 8 février 1980
Roman, 392 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : 2-234-00976-6
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
C’est après 1980 que tout commence. Alors se produit un événement diplomatique majeur et imprévu : la réconciliation spectaculaire de l’URSS et de la Chine, laissant à la Russie le champ libre à l’Ouest et à la République Populaire chinoise à l’Est.
L’attaque soviétique contre l’Europe a lieu durant les fêtes de Pentecôte, au moment où les Français sont à la campagne ou à la mer et où les unités combattantes, en raison des permissions exceptionnelles, sont largement dégarnies. La surprise est complète. Plusieurs fois déjà, l’armée russe et celles de ses satellites avaient procédé à de vastes mobilisations, à des fins de manoeuvres. La dernière en date, aux yeux des services de renseignement occidentaux, avait la même signification. Erreur. Comme pour les Israéliens, au moment du Kippour, cette fois c’était la guerre.
La disproportion des forces classiques en faveur de l’Union Soviétique est écrasante : 1 contre 5 ou 6 environ. Dans le domaine nucléaire, même supériorité des unités venues de l’Est face aux seules forces stratégiques de la France et de l’Angleterre, les États-Unis ayant fait savoir au Président de la République française, dès le premier jour de l’invasion, qu’en aucun cas, dans la crainte d’une escalade incontrôlable, les États-Unis n’engageront le feu nucléaire.
En vingt-quatre heures, l’Allemagne est envahie, les routes françaises submergées par les réfugiés venus de l’Est sont sabotées, certains points de Paris sont la proie d’incendies criminels. Au moment où les Soviétiques franchissent peu après la frontière française, et où l’effondrement de toute résistance est en vue, une seule question se pose : la frappe atomique aura-t-elle lieu ou non ?
C’est alors que sous la pression de militaires déjà acquis au vainqueur et — sauf exceptions individuelles — du Parti Communiste qui lui apporte un soutien actif, une formidable manifestation a lieu à Paris dans le but d’empêcher le Président de déclencher le feu nucléaire. C’est l’apparition de ce qu’il y a quelques années le général Usureau appelait « l’armée du refus » : celle qui empêcherait, prédisait-il, l’intervention de l’atome.
Et la manœuvre réussit. Le Président de la République est fait prisonnier à l’Élysée. Un régime communiste est immédiatement mis en place, sous la protection de chars soviétiques, en dépit de quelques poches de résistance organisées par des éléments de l’armée et par des groupes gauchistes.
Livre de fiction bien sûr. Mais qui, si on le lit attentivement, constitue une critique sévère de ceux qui ont fondé la défense de la France sur le tout ou rien nucléaire, au détriment de nos forces classiques.
Livre de réflexion qui attire notre attention sur le formidable développement des moyens militaires soviétiques.
Rien de tout cela peut-être n'aura lieu. Mais qui peut nier que, dans l’Histoire, tout, même le pire, peut arriver.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition STOCK, (1979)

 
     LA NOSTALGIE DE L'ORDRE

     Dans Ça n'est pas pour demain 1, Cyril M. Kornbluth décrivait l'occupation des USA par une alliance russo-chinoise et la Résistance qui s'ensuivait. Si les Russes attaquaient, tel est le sujet de La 6e colonne.
     Nous sommes dans les années 80, après la spectaculaire réconciliation entre la Chine et la Russie qui laisse à cette dernière le champ libre à l'Ouest. L'attaque soviétique a lieu durant le week-end de Pentecôte, brutale blitzkrieg qui prend l'Europe au dépourvu. Envahissant l'Allemagne en vingt-quatre heures, les troupes russes sont aux frontières françaises, tandis que le pays est en proie à de multiples sabotages fomentés par le parti communiste. Abandonné par les Etats-Unis qui craignent l'incontrôlable escalade, le Président de la République Française hésite à engager le feu nucléaire. Mais sous la pression d'une opinion politique terrorisée par le spectre nucléaire de la riposte russe (et manipulée par le P.C. à la solde des forces du pacte de Varsovie), le Président ne déclenche pas la frappe atomique et est fait prisonnier à l'Elysée. Les chars soviétiques entrent dans Paris.
     Se voulant une critique du tout ou rien nucléaire sur lequel est basée, au détriment des forces classiques, la défense de la France, le livre (franchement médiocre sur le plan romanesque, soit dit en passant) s'emploie à démontrer la fragilité de la dissuasion nucléaire face à un agresseur capable de concevoir une stratégie de la terreur à l'intérieur du pays attaqué. Mais le véritable propos de l'auteur est ailleurs, au-delà de la thèse développée, au-delà de cet anticommunisme primaire, viscéral et inadmissible.
     L'exergue signée Charles de Gaulle, donne le ton du bouquin : « Portant les idées, traînant les réformes, frayant la voie aux religions, les armes répandirent par l'univers tout ce qui l'a renouvelé, rendu meilleur ou consolé. Il n'y eut d'hellénisme, d'ordre romain, de chrétienté, de droits de l'homme, de civilisation moderne que par leur effort sanglant... Jamais l'orgueil des armes ne fut plus justifié ni plus nécessaire ». Sous couvert de stratégie-fiction, c'est donc à une apologie inconditionnelle de l'Armée que nous convie La 6* colonne, plus exactement de l'Armée d'antan, celle d'Algérie et d'Indochine, celle qui « faisait des hommes » ! Et l'auteur de gémir que l'on a désarmé la nation en prêchant le pacifisme, qu'il n'y a plus de civisme et que l'on méprise le service militaire, fustigeant cette « humanité à plat ventre », cette « civilisation qui ne vit que pour le plaisir et l'égoïsme. la jouissance matérielle, le ventre et le bas-ventre, la grande bouffe et le porno », cette « culture des vaincus ». Toujours la même ignoble antienne de l'extrême-droite, avec bien entendu une rasade de racisme, un zeste d'écœurement prude devant la dissolution des mœurs, l'ode au maintien de la peine de mort, etc. Laxisme, le mot est lâché. Et la faute à qui ? Aux marxistes, écologistes, anarchistes, autonomistes, immigrés, syndiqués, protestants, intellectuels de tout poil... Tout ça c'est de l'ennemi intérieur qu'il aurait fallu neutraliser en temps de paix !
     Militariser la société, lui inculquer les vertus de l'ordre et de la discipline, lui donner l'amour des armes tel est le rêve de l'auteur, la solution trouvée par celui-ci — militaire de profession, on s'en serait douté I — pour endiguer le fascisme qui nous vient de l'Est. A fascisme, fascisme et demi, au fond il fallait y penser !

Notes :

1. Not His August (1955, retitrée Christmas Eve en Angleterre — 1956) — Paru en 1962 en France dans Satellite Sélection n° 8.

Denis GUIOT
Première parution : 1/5/1979
dans Fiction 301
Mise en ligne le : 1/3/2012

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