Robert LAFFONT
(Paris, France) Dépôt légal : octobre 2015 Première édition Roman, 560 pages, catégorie / prix : 23 € ISBN : 978-2-221-13639-3 Format : 15,3 x 24,0 cm Genre : Fantastique
Lorsqu'elle se réveille en cette fin du XIXe siècle, Chava est enfermée dans une malle au fond d'un navire qui les emmène, elle et son nouveau mari, vers New York, loin de la Pologne. Faite d'argile, c'est une golème, créée par un rabbin qui s'est détourné de Dieu pour se consacrer à l'occultisme.
Lorsqu'il se réveille, le djinn est violemment projeté sur le sol de l'atelier d'Arbeely, un artisan syrien. L'instant d'avant, c'est-àdire mille ans plus tôt, cet être de feu aux pouvoirs exceptionnels errait dans le désert.
La golème et le djinn, fantastiques immigrés, se rencontrent au hasard d'une rue. Eux seuls se voient tels qu'ils sont réellement. Chacun sait que l'autre n'est pas humain. Tous deux incapables de dormir, ils se donnent rendez-vous une fois par semaine, la nuit, pour arpenter les rues de Manhattan, qu'ils découvrent avec émerveillement.
Mais une menace plane sur eux. Le créateur de la golème, d'un âge très avancé, est prêt à tout pour échapper à la mort. Et il a vu ou se cachait le secret de la vie éternelle : à New York.
Un conte initiatique, une fresque historique, un récit choral et une merveilleuse histoire d'amour pour un premier roman éblouissant.
Originaire de l'Illinois, Helene Wecker a travaillé dans le marketing avant d'emménager à New York ou elle a obtenu un master en écriture à Columbia. Elle vit désormais à San Francisco avec son mari et sa fille. La Femme d'argile et l'Homme de feu est son premier roman.
Critiques
New York, à la fin du XIXe siècle. Une ville en pleine expansion dont la population vient des quatre coins du monde. On y rencontre des représentants de tous les peuples, de toutes les origines. Et même… une golème et un djinn. En fait, Chava, la femme d’argile (pour reprendre le titre VF bien long et mal choisi), a été conçue en Pologne et a reçu la vie sur le bateau vers le Nouveau Monde. Son maître et époux n’a pas survécu au voyage. La voilà donc seule et sans directive dans un univers totalement inconnu pour elle. Sa route va finir par croiser celle d’Ahmad, l’homme de feu, emprisonné dans un flacon depuis des centaines d’années ; libéré par hasard de sa prison de verre, il s’aperçoit qu’il est captif d’un corps d’homme, sans se rappeler pourquoi ni comment il en est arrivé là. Reste à trouver les réponses à tout cela…
Ce roman aurait très bien pu commencer par « Il était une fois » sans que cela paraisse choquant. L’évocation du passé du djinn nous entraine dans l’univers de Schéhérazade et des contes des Mille et une nuits : son désert, ses créatures fantasques prêtes à jouer avec les humains, ses sorciers avides de connaissances. Quant au récit de la création de la golème, il nous conduit bien sûr du côté du folklore juif et de sa magie puissante. Tout tourne autour d’une possible romance entre les deux personnages éponymes. Mais ici, pas de mièvrerie, pas de happy end assurée. Car malgré ses airs de comédie romantique, ce roman en évite les écueils. La Femme d’argile et l’homme de feu est avant tout un voyage réussi dans un New York évoqué avec brio, peuplé de personnages forts, attachants dès les premières lignes. Leurs histoires, leurs vies se trouvent inextricablement liées à celles des deux héros, sans ce côté artificiel qui est l’apanage des ouvrages médiocres. Les destins de tous ces immigrés, de fraîche ou longue date, avec leurs peurs et leurs envies, leurs désirs et leurs angoisses, font la force et la vie d’un récit qu’il s’avère difficile de lâcher dès les premiers mots lus.
Helene Wecker se sort de son premier roman avec les honneurs, voire même une certaine maestria. Une auteure à suivre, sans doute aucun.