Graam habite Massel, la cité au-bord-des-montagnes-sacrées construite par les pionniers qui débarquèrent sur la planète Levendy. Il sait que sur Levendy, la vie est rude, qu’il faut se protéger sans cesse, sous un masque, des gants, derrière les murs de la ville. Levendy est hostile.

     Mais pourquoi les Vildiens barbares semblent-ils vivre en paix avec Levendy ?

     LE REVE ET LA RAISON

     Les deux derniers livres de la collection L'Age des étoiles sont signés par des auteurs français, spécialistes de la science-fiction pour adolescents. Michel Grimaud et Christian Grenier.

     L'île sur l'océan Nuit (Grimaud) et Le montreur d'étincelles (Grenier) sont d'incontestables réussites.

     Ce montreur d'étincelles, on l'appelle aussi le Sauveur, à cause de sa façon de se déplacer quelque peu van-vogtienne. Mais les Vildiens, de la planète Levendy, utilisent un moyen de locomotion plus original, plus séduisant et plus baroque. Regardez-les sur la couverture — une BD de Loro — avec leurs fabuleux ornifloogs : l'illustrateur ne pouvait manquer pareille affaire. Dommage que l'auteur ne nous explique pas pourquoi ces sacrés oiseaux sont ainsi fabriqués ! Mais s'il fallait tout expliquer en deux cents pages... Le problème avec ce genre de roman, c'est qu'on doit simplifier, couper court, l'œil toujours fixé sur la ligne bleue des 300, 350 ou 380 000 signes. Et avec un thème aussi riche que celui de Grenier, ce n'est pas facile.

     Graam, le héros, n'appartient pas à la race autochtone des Vildiens, mais à celle des envahisseurs venus de la Terre, les Raisonnables. C'est un jeune « Prieur », un prêtre de la cité de Massel. Le bannissement de son maître Rossen, coupable d'avoir hébergé une esclave vildienne, plus un voyage et un accident vont lui permettre de rencontrer les Vildiens des Montagnes sacrées. Avec l'aide de la jeune Ini-O, il découvrira la vérité sur la planète Levendy. Il connaîtra le Sauteur, guidera son peuple lors d'une catastrophe et sera celui par qui l'avenir arrive. Enfin...

     Le schéma de ce roman rappelle celui de L'arbre-miroir, de Christian Léourier, dans la même collection. Le thème des Terriens grossiers, racistes et bornés, confrontés à une race qui a trouvé un équilibre spirituel et écologique parfait avec sa planète, est maintenant dans l'air du temps. Il correspond bien à la sensibilité de certains auteurs comme Léourier ou Grenier, ou Michaël Coney chez les Anglo-Saxons — le Coney de Rax, Syzygie. L'image au miroir.

     Ces trois romans, L'arbre-miroir, Rax et le montreur d'étincelles, sont excellents. Rax est le plus habile. L'arbre-miroir est le plus sensible. Le montreur d'étincelles est le plus inventif.

     Les ornifloogs ne sont pas les seules trouvailles intéressantes de Christian Grenier. L'invention, au niveau du vocabulaire, des idées et du décor, sans oublier la psychologie, est absolument constante : les Raisonnables, leurs mœurs, leurs masques, leur origine, les Vildiens et leurs montures, la planète et ses manifestations... L'ensemble ne manque pas de cohérence.

     Les reproches — mineurs — que l'on pourrait adresser à ce Montreur d'étincelles s'adresseraient plutôt au genre qu'au livre lui-même. La gageure est de faire de la bonne littérature avec une pluie de bons sentiments. Le ciel de la galaxie m'est témoin que ce n'est pas facile. Christian Grenier doit ruser de temps en temps avec le réalisme. Mais sa sincérité fait aussi sa force.