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2312

Kim Stanley ROBINSON

Titre original : 2312, 2012   ISFDB
Traduction de Thierry ARSON
Illustration de Mike WINKELMANN

ACTES SUD (Arles, France), coll. Exofictions précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : septembre 2017, Achevé d'imprimer : août 2017
Première édition
Roman, 624 pages, catégorie / prix : 23,80 €
ISBN : 978-2-330-07534-7
Format : 14,5 x 24,0 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
LE POINT DE VUE DES ÉDITEURS
 
2312. Le système solaire a été colonisé après que la Terre a été ravagée par les effets de la pollution. L’humanité peut compter sur les qubes, ces ordinateurs quantiques miniaturisés et parfois greffés directement au cerveau, pour l’épauler dans ses efforts de survie. Des satellites sont terraformés, des astéroïdes forés pour y installer des terrariums et les transformer en vaisseaux spatiaux ; chacun peut choisir ou modifier son sexe ; les chercheurs repoussent chaque jour un peu plus les limites de la longévité.
     Sur Mercure, dans la cité mobile Terminateur, Swan, conceptrice de terrariums et artiste de l’extrême, est accablée par le décès soudain de sa grande-belle-mère Alex, un personnage très influent qui nourrissait pour l’humanité de vastes projets soigneusement tenus secrets de tous les réseaux qubiques. Accompagnée de Wahram, un associé d’Alex, et de Genette, une inspectrice de la Police Interplanétaire, Swan part sur Io en quête de réponses aux interrogations soulevées par la mort suspecte de son aïeule. Elle qui faisait profession d’imaginer des mondes se retrouve bientôt au cœur d’une vaste conspiration visant à les détruire.
 
     Kim Stanley Robinson met son imagination sans limites au service de la description d’un univers d’une complétude et d’une véracité parfaites. Avec 2312, couronné du Nebula du meilleur roman, l’auteur de la Trilogie martienne nous livre son grand œuvre.
 
Né dans l’Illinois en 1952, Kim Stanley Robinson a grandi en Californie. Après une thèse consacrée à l’œuvre de Philip K. Dick, il publie de nombreux romans et nouvelles qui l’imposent sur la scène international. Sa Trilogie martienne lui vaudra une renommée mondiale.
Critiques
     Il y a trois romans en un dans 2312 : une enquête policière au sujet d’un conflit entre l’humanité et les intelligences artificielles, ces dernières complotant pour s’affranchir de l’autorité de leurs créateurs ;  l’histoire d’amour futuriste de Swan et Wahram, deux êtres que tout oppose et que des péripéties diplomatiques vont réunir ; une visite guidée réaliste et détaillée du Système solaire tel qu’il pourrait être colonisé, habité, exploité et terraformé par les Terriens dans les prochains siècles. Ce dernier aspect du livre justifie à lui seul la lecture de 2312, même si les deux autres sont moins convaincants.

    Du premier, on retiendra une enquête classique sur un thème déjà beaucoup traité dans la science-fiction. Les IA peuvent-elles accéder à la conscience ? Peuvent-elles devenir autonomes et, si oui, en ont-elles le droit ? Pourraient-elles un jour menacer l’Humanité, entrer en concurrence avec elle, voire comploter contre elle ? Les réponses apportées par Kim Stanley Robinson ne sont pas des plus originales ; sa vision de l’IA et des possibilités de l’informatique quantique reste trop vague pour captiver vraiment.

    La relation entre Swan et Wahram laisse elle aussi une impression mitigée. Les deux personnages sont attachants, chacun à sa manière, et dotés d’une personnalité riche et crédible. Dans la société du XXIVème siècle, les progrès de la science et l’évolution des mœurs ont rendu mouvantes les frontières entre les sexes et entre les genres : l’histoire d’amour devient un vrai sujet de science-fiction tout en restant un thème universel et intemporel. Cependant, cette intrigue-là souffre de trop nombreuses longueurs.

    Il serait pourtant dommage de passer à côté de 2312 : dans sa vision du Système solaire en voie de colonisation, ce roman est époustouflant, tant sur la forme que sur le fond. Les descriptions sont d’une étrangeté vertigineuse et d’une beauté stupéfiante, tels les levers de soleil sur Mercure ou cette description d’une arrivée sur Io « dans une aurore magnétique bleutée, un brasier d’électrons, [...] un paysage montagneux torturé par ces volcans qui se chevauchent, leurs cônes courts difficiles à distinguer dans la superposition de jaune sur du brun sur du blanc sur du noir sur du brique sur du bronze, des bandes de toutes les couleurs carbonisées, mais où le jaune prédomine. » Kim Stanley Robinson donne vie aux photos et aux informations rapportées par les sondes récemment envoyées dans le Système solaire, et montre combien la science et l’exploration spatiale peuvent être la source d’une profonde émotion esthétique.

    Il offre aussi une présentation fascinante et crédible des multiples méthodes de terraformation qui pourraient être développées dans un proche avenir, rendant un hommage enthousiaste à l’inventivité humaine, à travers quelques scènes spectaculaires : fête populaire sur Vénus, lorsque débute un déluge long de deux années créé par la collision de deux astéroïdes de glace dans l’atmosphère de la planète, pluie d’animaux sur l’Amérique du Nord pour restituer à la Terre les espèces qui avaient été menées au bord de l’extinction... Il aborde les questions liées à l’astrophysique et à la géoingénierie, bien sûr, mais les aspects politiques, sociologiques et économiques sont également traités en profondeur. De la même façon que l’humain du XXIVème siècle utilisera des techniques variées pour habiter les planètes voisines, Kim Stanley Robinson  recourt à un large panel d’outils littéraires pour faire découvrir au lecteur sa vision du Système solaire : le roman, bien sûr, mais aussi de courts articles encyclopédiques, des listes qui rappellent les Notes de chevet ou encore d’intrigantes « promenades quantiques ».

    2312 est un livre qui rebutera un certain nombre de lecteurs, mais ceux qui sont attirés par  la hard-SF verront leurs efforts récompensés par une plongée dans un univers passionnant, construit avec une grande rigueur et une imagination foisonnante.

Jean-François SEIGNOL (lui écrire)
Première parution : 8/1/2018 nooSFere


     Dans trois cents ans, l’humanité aura domestiqué le système solaire. Certaines planètes (Mars) seront terraformées, d’autres (Mercure) seront habitées de façon atypique : une ville mobile glissant sur des rails pour échapper à la fournaise du soleil. Pour se déplacer entre ces mondes ? Rien de plus simple : des astéroïdes forés, transformés en terrariums, vous permettent de vous occuper pendant le voyage – paysage arctique, savane, mais aussi vaste lupanar offrant des expériences sexuelles débridées. Vous trouverez votre bonheur dans la diversité de ces vaisseaux de pierre. Quant à l’apparence physique, faites votre choix. Vous êtes un homme, mais ce sexe ne vous convient pas tout à fait ? Aucun problème ! Devenez une femme, ou faites-vous greffer des organes des deux sexes. Votre corps est un champ d’expérimentation à part entière, dont vous pourrez qui plus est profiter longtemps : l’espérance de vie se compte en siècles.

     Un tableau en apparence idyllique. Mais à l’équilibre soudain remis en question : un meurtre a été commis. Alex n’est pas réellement morte d’une maladie, comme on le prétendait. Et les conséquences de cette découverte prennent des proportions gigantesques, incalculables. Est-ce un complot à une échelle insoupçonnée ? Swan veut comprendre pourquoi sa parente a disparu ainsi… et se lance donc à la poursuite d’indices à travers le système solaire, sautant de monde en monde.

     Kim Stanley Robinson est connu pour la qualité de ses recherches, pour la précision des mondes imaginés, pour la pertinence de ses réflexions sur notre avenir : bouleversements climatiques dus à l’homme, envol pour l’espace. Le « Cycle de Mars » a marqué, par sa richesse et sa puissance évocatrice, nombre de lecteurs. C’est dire l’attente créée par 2312, présenté comme son grand œuvre, et qui paraît chez nous six ans après son dernier bouquin, Le Rêve de Galilée (critique in Bifrost 65). C’est dire la déception devant ce pavé indigeste. Mais que lui a-t-il donc pris ? Si l’univers décrit est enivrant, si certains passages nous projettent avec force sur Mercure ou sur une Terre en perdition, le roman en lui-même est une torture, tant le rythme est bancal, voire inexistant. Une série de scènes, même enchanteresses, ne fait pas un livre. Il faut un souffle, ou, au minimum, une histoire. Et Kim Stanley Robinson semble se moquer totalement de son propre récit. Il met toute sa force dans le portrait de son monde, mais oublie la narration. Et avec elle ses personnages : Swan, malgré son exubérance, laisse totalement froid. Tout comme le Titanien Wahram ou l’inspectrice Jean Genette. Et les pauses insérées entre les chapitres, telles les listes à la Dos Passos, ne font que rajouter à cette impression de grand fourre-tout.

     Le résultat est une sensation d’immense gâchis. On aurait tant aimé pouvoir se laisser embarquer dans cette évocation d’un avenir si pensée, si maitrisée. On peut toujours piocher quelques passages magiques, trouver quelques sujets de réflexion sur la direction prise par nos gouvernants et nous-mêmes. Mais se lancer dans la lecture in extenso de 2312, franchement, non.

Raphaël GAUDIN
Première parution : 1/1/2018 dans Bifrost 89
Mise en ligne le : 3/4/2023

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition ACTES SUD, Babel (2022)

    En 2012, Kim Stanley Robinson se livre à exercice de prospective : imaginer un futur distant de 300 ans. Le résultat est aussi brillant qu’exaspérant.

    À la fin de Mars la bleue, KSR imaginait le concept d’ accelerando, période voyant la colonisation du Système solaire, de Mercure jusqu’à Neptune. Lorsque débute 2312 (qui n’a rien d’une suite), cette période appartient déjà au passé ; s’il fallait trouver un nom à cette nouvelle ère, c’est celle de la balkanisation. Imaginez : Mercure et sa cité mobile, Vénus en cours de terraformation à grands coups de comètes, Mars terraformée grâce à l’azote provenant de Titan, des ligues du côté de Jupiter et Saturne, et surtout d’innombrables astéroïdes évidés pour constituer des habitats spatiaux et abriter ainsi la faune et la flore menacées de la Terre. Un ensemble de traités – l’accord Mondragon, nommé d’après cette commune du Pays basque espagnol où une coopérative ouvrière a vu le jour – a permis l’émergence d’un système économique post-capitaliste. Une utopie ? Pas loin. Seule la Terre, polluée, ses continents grignotés par la montée des eaux due au réchauffement climatique, reste le parent pauvre. La planète des origines est-elle condamnée ?

    Tout roman nécessite un événement déclencheur, et celui de 2312 est la mort d’Alex, la « Lionne de Mercure ». Décès naturel ou mort suspecte ? Sa petite-fille, Swan Er Hong, artiste et ancienne conceptrice d’habitats spatiaux, va se retrouver à son corps défendant plongée dans une intrigue voyant l’apparition d’une menace inédite. Cette enquête la mènera aux quatre coins du Système solaire… et fera de 2312 une année charnière pour cet avenir.

    Brillant, le roman l’est dans ses idées. KSR déploie ici un Système solaire crédible. Abondance, liberté, fluidité des genres comme des déplacements à travers l’espace interplanétaire, un véritable élan utopique parcourt les pages. Comme John Brunner avec Tous à Zanzibar, l’auteur s’appuie sur une structure tirée de la fameuse trilogie « USA » de John Dos Passos : les chapitres faisant avancer l’intrigue alternent avec des listes, des extraits de textes fictifs, des focus sur tel ou tel corps céleste ou des « promenades quantiques » plus expérimentales. Exaspérant, 2312 l’est sous l’aspect romanesque : le roman traîne en longueur, l’enquête sur la mort d’Alex tenant surtout du prétexte pour une balade à travers le Système solaire. En dépit, ou plutôt grâce à ce défaut, 2312 se prête curieusement bien à la relecture : une fois que l’on sait que le voyage va être lent, on peut prendre son temps pour admirer les détails du paysage. Et quel paysage.

Erwann PERCHOC
Première parution : 1/4/2022
Bifrost 106
Mise en ligne le : 19/3/2025

Prix obtenus
Nebula, Roman, 2012


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