Angela CARTER Titre original : The Bloody Chamber, 1979 Première parution : Londres, Royaum-Uni : Gollancz, 1979ISFDB Traduction de Jacqueline HUET
POINTS
(Paris, France) n° P444 Date de parution : 2 novembre 1997 Achevé d'imprimer : novembre 1997 Réédition Recueil de nouvelles, 224 pages, catégorie / prix : 6,50 € ISBN : 978-2-02-033158-6 Format : 10,5 x 17,8 cm✅ Genre : Fantasy
Ils sont tous là, si familiers… et pourtant étrangement pervertis. Barbe-Bleue, le petit Chaperon rouge, la Belle et la Bête, le Loup-garou, Blanche-Neige… chargés de violence et d’un érotisme gothique, parés d’une morale différente et d’une beauté nouvelle. Attention, les loups sont parmi nous, mais aussi en nous, prêts à bondir…
Angela Carter (1940-1992), écrivain, journaliste et universitaire anglaise, est l’un des auteurs les plus populaires de la littérature fantastique moderne avec des romans comme Vénus noire et Le Magasin de jouets magique. Elle est également l’auteur du scénario La Compagnie des loups, film réalisé par Neil Jordan.
« Ses livres nous bousculent, ébranlent les monuments, démolissant les temples et défiant les gardiens de la morale. » Salman Rushdie
1 - Christine JORDIS, Préface, pages 1 à 5, préface 2 - Le Cabinet sanglant (The Bloody Chamber, 1979), pages 7 à 57, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 3 - La Compagnie des loups (The Company of Wolves, 1977), pages 59 à 71, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 4 - Le Loup-garou (The Werewolf, 1977), pages 73 à 75, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 5 - Louve-Alice (Wolf Alice, 1978), pages 77 à 87, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 6 - M. Lyon fait sa cour (The Courtship of Mr. Lyon, 1979), pages 89 à 104, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 7 - La Jeune épouse du tigre (The Tiger's Bride, 1979), pages 105 à 129, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 8 - Le Chat botté (Puss-in-Boots, 1979), pages 131 à 155, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 9 - Le Roi des aulnes (The Erlking, 1977), pages 157 à 167, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 10 - L'Enfant et la neige (The Snow Child, 1979), pages 169 à 171, nouvelle, trad. Jacqueline HUET 11 - La Dame de la maison d'amour (The Lady of the House of Love, 1975), pages 171 à 192, nouvelle, trad. Jacqueline HUET
Oui, le beau film de Neil Jordan est d'abord un texte, dix pages incluses dans un recueil où la romancière britannique revisite à sa manière les contes de notre enfance — et pas seulement eux, pas seulement monsieur Perrault. Revisitation qui ne se fait pas à la manière de Bettelheim, l'auteur n'ayant semble-t-il pas de point de vue social ou psychanalytique précis à mettre en exergue (ou les ayant dépassés : bien sûr le sexe est omniprésent comme motivation, mais il est plus un contre-point ironique qu'une lourde démonstration ; et si l'ensemble des contes est féministe — voir en particulier Le cabinet sanglant, revisitation de Barbe-Bleue, où ce ne sont pas les frères qui arrivent au galop, mais la propre mère de l'héroïne — on ne sent aucun didactisme sous la plume de Carter), mais simplement avec le désir de raconter autrement des histoires archétypiques pour faire peur et faire rire.
Car il y a beaucoup d'humour, beaucoup de désinvolture aussi dans ces coupes à travers les contes de notre enfance (parfois saisis entre deux portes — voir L'enfant de la neige, qui effleure Blanche-neige en deux pages), que la romancière semble se raconter à elle-même, comme si elle ne se souvenait plus exactement de leur déroulement (de leur morale bourgeoise surtout), et comme si, étant adulte (mais avec l'enfant de toujours resté caché en elle), elle voulait retrouver les émerveillements de jadis — l'amour qui se prononcepresque comme la mort, la perte de la virginité où le sang coule comme d'une blessure, le premier baiser qui évoque le coup de dent d'un vampire, la brutalité d'un époux qui vous fait croire qu'il est une bête dont on est la belle — qui est un loup-garou, ou un loup tout court, qui va vous manger toute vivante, toute pantelante.
Le vampirisme est à l'affût à la courbe de toutes ces histoires sucrées, acides, gourmandes en tout cas : et La dame de la maison d'amour, qui clôt le recueil, est bel et bien une revisitation du Dracula de Bram Stoker (lui-même sans doute conte enfantin détourné). Comme quoi tout se rejoint dans l'art de conter. Un art qu'Angela Carter possède au plus au point. Un livre à déguster par toutes ses papilles...