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Les Mariages entre les zones trois, quatre et cinq

Doris LESSING

Titre original : Canopus in Argos : Archives. The marriages between zones three, four, and five, 1980
Première parution : (quasi simultanée) New York, USA : Alfred A. Knopf, mars 1980 ; Londres, Royaume-Uni : Jonathan Cape, mai 1980   ISFDB
Cycle : Canopus dans Argo : Archives  vol. 2 

Traduction de Sébastien GUILLOT
Illustration de Corinne BILLON

La VOLTE (Clamart, France)
Dépôt légal : octobre 2017, Achevé d'imprimer : septembre 2017
Réédition
Roman, 304 pages, catégorie / prix : 20 €
ISBN : 978-2-37049-043-8
Format : 15,5 x 21,0 cm
Genre : Science-Fiction

Sous-titré « (Tels que narrés par les Chroniqueurs de la Zone Trois) ».
Cinquante-huitième livre des éditions La Volte.

Autres éditions

Sous le titre Mariages entre les zones trois, quatre et cinq   SEUIL, 1983

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
Il était une fois, quelque part...
Souveraine de la Zone Trois, contrée harmonieuse tournée vers la sensibilité et la communion — mais dont la juste sérénité a cependant émoussé ses habitants — , Al•Ith reçoit un jour l'Ordre d’épouser le roi de la Zone Quatre, un pays rude, grossier et belliqueux, dont le peuple vit dans la pauvreté en raison de guerres incessantes et voraces. Ce mariage, ou plus précisément l’union charnelle des deux seigneurs, doit permettre l’épanouissement d’une existence neuve, meilleure, dans leurs pays respectifs. Malgré leur hostilité initiale, malgré ce qui les sépare et la brutalité dont fait d’abord preuve le soldat élevé dans la certitude de sa supériorité naturelle, Al•Ith et Ben Ata verront bientôt voler en éclats tout ce qu’ils tenaient pour immuable. Et l’univers entier de s'en trouver profondément altéré.
 
Allégorie sur les rapports entre hommes et femmes, réflexion sur les mystères du sexe et de l'amour, ode inoubliable à la féminité, mais aussi portrait en creux d'une lutte éternelle pour l’égalité, Les Mariages entre les Zones Trois, Quatre et Cinq appartient au cycle Canopus dans Argo : Archives. C’est l’un des monuments de l’œuvre de Doris Lessing.
 

[texte du rabat de couverture]

Née en 1919, en Perse (actuel Iran), Doris Lessing a suivi ses parents en Rhodésie du Sud dès l'âge de six ans, pour y rester jusqu'en 1949, où elle partira s'installer en Angleterre, riche d'une expérience singulière qui forgera sa conscience politique et servira de base à l'ensemble de sa carrière littéraire.
Traçant un sillon profondément autobiographique, humaniste et féministe, elle aime aussi à s'éloigner des rives du pur réalisme pour aborder celles d'une littérature plus allégorique, inspirée du soufisme, utilisant à plusieurs reprises la fiction spéculative comme un moyen de pointer du doigt les dysfonctionnements des sociétés humaines.
Son écriture protéiforme lui a valu de nombreuses distinctions, dont le prix Nobel de littérature en 2007, prix qui saluait la « conteuse épique de l'expérience féminine  ». Cette pourfendeuse de toutes les injustices nous a quittés à Londres en 2013, laissant derrière elle une œuvre ardente et visionnaire.

Critiques

     Les Mariages entre les Zones Trois, Quatre et Cinq de l’écrivaine nobélisée Doris Lessing forme le deuxième volume d’un cycle intitulé « Canopus dans Argo : Archives  ». Initiée par Shikasta (cf. Bifrost n°85 et sa critique au lance-flamme), cette série compte au total cinq livres dont les trois derniers – jusque-là inédits en français – sont annoncés chez La Volte pour 2018 et 2019. Doris Lessing y a développé un univers singulier, agrégeant en une marqueterie fictionnelle complexe des emprunts aux littératures dites blanches ainsi qu’à celles de l’Imaginaire. Et en effet, ce Mariages entre les Zones Trois, Quatre et Cinq combine en un même espace romanesque introspection psychologique la plus fine, science-fiction à la dimension allégorique assumée et fantasy d’inspiration ethnologique plutôt que mythologique. Soit une entreprise transgénérique qui n’est pas sans entretenir quelque parenté avec celles développées par Ursula K. Le Guin ou bien encore Jacques Abeille, l’une dans le « Cycle de Terremer », l’autre dans celui des «  Contrées ».

     Plus précisément, Les Mariages entre les Zones Trois, Quatre et Cinq dépeint ce qui pourrait aussi bien être une planète lointaine que notre Terre en un temps indéterminé, à la surface de laquelle des peuples s’organisent en Zones. Ces sortes de pays n’ont d’autres toponymes que des chiffres à l’instar des Zones Deux, Trois, Quatre et Cinq apparaissant dans le roman. Si chacune d’entre elles s’administre selon des règles sociales et politiques propres, toutes sont cependant soumises à une autorité lointaine mais impérieuse : celle des Pourvoyeurs. Relevant apparemment plus d’entités extraterrestres que de principes divins – Doris Lessing reste fort évasive à leur propos… –, les Pourvoyeurs interviennent parfois dans les affaires des Zones pour en (ré)orienter le devenir. C’est ainsi qu’un jour Al.Ith, souveraine de la Zone Trois, et Ben Ata, roi de la Zone Quatre, se voient signifier l’ordre de convoler en justes noces. Puis un autre mariage sera bientôt ordonné entre, cette fois-ci, Ben Ata et Vahshi, maîtresse de la Zone Cinq.

     Si ces décisions des Pourvoyeurs ne s’accompagnent d’aucune explication, ces unions sont bientôt interprétées comme une possible réponse au mal obscur frappant de langueur la végétation, la faune, de même que les habitants des trois Zones. On y constate en effet que depuis quelques temps les plantes perdent en vigueur, tout comme les animaux et les humains aux fécondités en berne. Un étiolement qui tient, peut-être, au clivage strict qui préside à la géopolitique régissant les rapports entre les Zones. Chacune vit en effet repliée sur elle-même, sûre de la supériorité de son modèle civilisationnel et ne portant au mieux qu’un regard méprisant sur sa voisine. À moins qu’elle n’entretienne avec elle une guerre chronique dont les combats ne se déroulent qu’après que les combattants se soient équipés de systèmes respiratoires appelés « boucliers ». Car l’atmosphère des Zones voisines est considérée comme littéralement irrespirable…

     C’est donc à la rencontre de l’autre que sont contraints de partir les protagonistes de ce roman. Et ce au sens large du terme car l’altérité à laquelle sont confrontées Al.Ith, Ben Ata et Vahshi touche aussi bien à l’identité culturelle qu’à l’identité de genre. Certes complexe, souvent même douloureuse, l’entreprise s’avèrera in fine salvatrice pour les souverains comme pour les peuples des Zones. Car, là encore à l’instar de Ursula K. Le Guin et de Jacques Abeille, Doris Lessing use remarquablement des potentialités de l’Imaginaire pour affirmer la fertilité collective et intime du métissage.

Pierre CHARREL
Première parution : 1/1/2018 dans Bifrost 89
Mise en ligne le : 4/4/2023

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