Hannah KENT Titre original : The Good People, 2016 Première parution : Sydney, Australie : Picador, Pan Macmillan, 27 septembre 2016ISFDB Traduction de Karine GUERRE
POCKET
(Paris, France) n° 17441 Date de parution : 19 septembre 2019 Dépôt légal : septembre 2019 Réédition Roman, 544 pages, catégorie / prix : 8,40 € ISBN : 978-2-266-29178-1 Format : 10,8 x 17,7 cm❌ Genre : Hors Genre
1825. Le temps semble s’être arrêté dans ce village égaré d’Irlande où sévit la famine. Nóra y élève seule son petit-fils de quatre ans, infirme. Pourtant, deux ans plus tôt, Micheál marchait et parlait. Dans la vallée, on croit que des fées l’ont enlevé et ont en échange déposé un de leurs enfants dans son berceau. C’est lui qui serait à l’origine de la malédiction qui les a tous frappés. Leur unique espoir est une marginale qui vit dans la lande et parle le langage des plantes. Car la vieille Nance Roche a un don : elle communique avec le peuple invisible. Entre le mauvais sort et la superstition des hommes, le destin du petit Micheál oscille dangereusement.
« L’auteur brosse le portrait de femmes courage, dont le coeur, dans cette vallée rude comme un hiver irlandais, brûle d’humanité. Audacieux et magnifique. » La Voix du Nord
Dans l’Irlande du XIXe siècle, les créatures magiques sont encore présentes. Sitôt qu’une maladie ou un accident arrive, elles sont de la partie, responsables de tous les malheurs et de toutes les malédictions. Heureusement, quelques personnes disposent du don, connaissent les paroles, les sorts, les plantes et autres formules permettant de les contrer. Alors lorsque le mari de Nóra meurt brutalement, après que son petit-fils se soit mis à dépérir, elle va chercher l’aide de Nance Roche, la vieille du village qui est persuadée qu’un Changelin a remplacé son petit-fils et qui dispose des connaissances pour le récupérer. Malheureusement la situation empire et l’arrivée d’un jeune curé ne croyant pas à ces superstitions envenime la situation dans le village.
Tout d’abord, soyons clair : bien que ce roman soit rempli de magie et de créatures féériques (les bonnes gens du titre original), ce n’est pas un roman de genre. Ce récit est l’adaptation d’un fait divers réel survenu en Irlande en 1826. Néanmoins, il devrait intéresser beaucoup de lecteurs et de lectrices de nooSFere : les créatures et évènements décrits dans ces croyances peuplent beaucoup de romans de fantasy inspirés des mêmes contes et légendes.
Ces convictions partagées par une grande partie du village sont si fortes et si bien mélangées avec d’autres techniques (la connaissance qu’a Nance des plantes pour soigner par exemple) qu’elles semblent crédibles. Seul le jeune curé (qui y voit certainement de la concurrence) et la justice venue de la ville s’y opposent de manière frontale. Dans cette Irlande paysanne la population est laissée à elle-même : faire venir un médecin n’est pas dans les moyens de ces pauvres gens (le pays sera touché par une famine faisant plus d’un million de mort à peine vingt ans après) et même le curé doit être payé pour venir bénir un malade, laissant la place aux croyances les plus anciennes.
De ce fait divers terrible Hannah Kent fait un récit passionnant, insufflant la vie à ces personnages qui s’appuient sur ces êtres féériques pour expliquer et supporter les malheurs qui s’abattent sur eux. Cultivant l’ambiguité entre croyances et faits, elle mène le roman sans relâche jusqu’à son inévitable conclusion. Une œuvre remarquable.