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Trouble dans les Andains

Boris VIAN



La JEUNE PARQUE (Paris, France)
Dépôt légal : 1966
Première édition
Roman, 160 pages, catégorie / prix : 8 F
ISBN : néant
Genre : Hors Genre


Critiques

     De l'aveu de Boris Vian, ce premier roman, rédigé à vingt-trois ans, n'eut pas d'autre ambition que de donner matière à rigolade à quelques amis. Aussi perd-il un peu de sa puissance d'impact en s'adressant maintenant au grand public. Seuls les initiés, c'est-à-dire les satellites du jeune Vian, pouvaient apprécier pleinement la saveur de la généalogie burlesque de Jacques Loustalot, dit le Major, des portraits fantaisistes d'Antioche Tambrétambre et du Baron Visi, ou de certains pétards parodiques allumés ici ou là. Comme Vercoquin et le plancton, Trouble dans les Andains est un roman à clés dont le décryptage nécessite trop d'érudition pour ne pas être fastidieux. Mais l'imagination de Vian était assez libre et sa manière assez originale pour libérer son livre de l'anecdotique. Au-delà du divertissement canularesque pour happy few, il y a une intéressante œuvrette qui pourrait être une transposition littéraire de l'univers délirant des vieux burlesques américains.

     En lançant quatre pittoresques individualités à la recherche du barbarin fourchu, mystérieux bijou de famille volé à l’une d’entre elles, Boris Vian n’a pas cherché à raconter une histoire mais à multiplier jusqu’au vertige aventures aberrantes, situations loufoques, paralogismes cocasses et tutti quanti. Gags cruels et images baroques dans la tradition de L’Os à Moelle – « De haute taille, les épaules bosselant l’habit bien coupé, il semblait bâti à coups de pied dans le cul » – se succèdent en courtes rafales. Rien ne résiste à ce livre-bulldozer qui malmène la logique au point de créer un monde fou, fou, fou où tous les coups sont permis. Touche-t-on le gratte-pieds d’une maison ? Celle-ci s’écroule comme un château de cartes. Sortant d’une bouche d’égout, le Comte de Beaumashin et Sérafino Alvaraide trouvent commode, pour regagner leur domicile sans fatigue superflue, de s’accrocher au pont arrière des autobus qui passent au-dessus de leur tête. Quant au Major, dont c’est ici la tonitruante première, il chasse le caillebotis, étrange oiseau marin dont la particularité est d’avoir la tête « beaucoup plus lourde que son croupion qui ne contient qu’un peu de vent ». C’est dire que l’univers insolite de Trouble dans les Andains présente aussi quelques moments de cette poésie instinctive qui est comme le label de toute l’œuvre vianesque.

Jacques CHAMBON
Première parution : 1/1/1967 dans Fiction 158
Mise en ligne le : 4/12/2022

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