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Couvées de filles

Joëlle WINTREBERT


Illustration de Philippe CAZA

AU DIABLE VAUVERT (Vauvert, France)
Date de parution : 5 octobre 2023
Dépôt légal : septembre 2023, Achevé d'imprimer : septembre 2023
Première édition
Recueil de nouvelles, 480 pages, catégorie / prix : 23 €
ISBN : 979-10-307-0631-4
Format : 13,0 x 19,8 cm
Genre : Imaginaire


Quatrième de couverture

TRENTE ANS DE NOUVELLES PAR
LA GRANDE DAME DE L'IMAGINAIRE FRANÇAIS

Autrice de romans de SF devenus des classiques, Joëlle Wintrebert a développé une œuvre de nouvelliste brillante. Les seize nouvelles de ce recueil déploient son talent tous azimuts et se dégustent comme une suite de surprises stimulantes pour l’esprit. Voyages dans des mondes parallèles, arches écologiques, créatures charnelles séductrices, grenier hanté, cités mystérieuses ou futures, sociétés matriarcales, transferts de corps : une variété d'inspirations transcendées par une autrice féministe de génie, à la fois précurseuse et plus actuelle que jamais.

Lauréate du prix Rosny Aîné en 1988 dès son premier roman Les Olympiades truquées, du Grand prix de l'Imaginaire en 1989 pour Le Créateur chimérique, du prix Rosny Aîné en 2003 pour Pollen, du prix Extraordinaire du festival des Utopiales en 2021 pour l'ensemble de sa carrière littéraire, et en 2022 du prix Ayerdhal, Joëlle Wintrebert est aujourd'hui présidente du Grand Prix de l'Imaginaire.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Couvées de filles, pages 9 à 46, nouvelle
2 - Camélions, pages 47 à 71, nouvelle
3 - L'Enfant du lignage, pages 73 à 115, nouvelle
4 - Survivre, pages 117 à 148, nouvelle
5 - Victoire, pages 149 à 162, nouvelle
6 - Transfusion, pages 163 à 173, nouvelle
7 - Invasive Évasion, pages 175 à 191, nouvelle
8 - L'Œil rouge du coutelier, pages 193 à 199, nouvelle
9 - La Proie, pages 201 à 225, nouvelle
10 - L'Été des Martinets, pages 227 à 239, nouvelle
11 - Intérim, pages 239 à 259, nouvelle
12 - Crépuscule, pages 261 à 269, nouvelle
13 - Te retrouver, pages 271 à 310, nouvelle
14 - Utopia, pages 311 à 369, novella
15 - Vertiges de l'amour, pages 371 à 395, nouvelle
16 - Le Don des chimères, pages 397 à 466, nouvelle
Critiques

   La quatrième de couverture évoque trente ans de nouvelles, ce qui pourrait donner l'impression que la grande dame de l'imaginaire français se fait rare. Que  nenni ! Sur les seize récits composant ce recueil, seuls trois datent des années 80 et 90 et trois de la première décennie de ce siècle. La rareté s'explique par la difficulté de suivre une production éparpillée sur les supports les plus divers, qui ne relèvent pas toujours du domaine de l'imaginaire.

   Le fait est que Joëlle Wintrebert n'a rien perdu de son mordant ni de ses engagements, notamment féministes et écologistes. L'altérité et l'ouverture à l'autre passent souvent par des sexualités alternatives, sur des mondes étrangers, où la reproduction dépend d'une symbiose avec des plantes sentientes ou de l'union avec des créatures aux délicieuses caresses (Couvées de filles, Camélions).

   Toutes les créatures ne sont pas aussi idéales. Sur le mode fantastique notamment, les appâts d'une merveilleuse naïade sont précisément ce qu'ils sont, de redoutables appâts dignes d'une sirène (La Proie). Le corps est l'objet de bien des convoitises de la part d'entités fantastiques assurant leur survie par une prédation diabolique (Victoire, Transfusion) quand elle n'est pas rendue possible par la médecine (Invasive invasion).

   Celle-ci prend des allures de thérapie psychologique lorsqu'elle permet, par le clonage, de s'occuper de son mari frappé de démence sans sacrifier de temps à son activité artistique, ce qui ne va pas, in fine, sans répercussions ultérieures à l'image du Robot qui m'aimait de Robert Sheckley (Te Retrouver). Ailleurs, les transformations biologiques donnent naissance à des chimères (Le Don des chimères) ou à des enfants génétiquement modifiés pour survivre à une pandémie (L'enfant du lignage). II est regrettable que dans les deux cas les modifications soient basées sur le mensonge et la tromperie pour parvenir à ses fins - générant au passage des situations dramatiques qui font le sel du récit.

   La manipulation est souvent à l'œuvre chez Joëlle Wintrebert et utilise l'arme du mensonge ou de la dissimulation pour imposer un système ou parvenir à ses fins. On peut estimer que toute malédiction est manipulation pour faire tomber la victime dans ses filets. Ainsi, L'œil rouge du coutelier, récit d'horreur autour du thème des objets maléfiques, appâte ses victimes pour un bain de sang. Ailleurs, les ouvriers-esclaves au fond d'une mine sont les pions d'une lutte entre les dirigeantes qui jouent sur leurs appâts sexuels pour les mobiliser (Utopia) et un chômeur est employé pour jouer le Père Noël chez des bourgeois dans un but inattendu : Intérim appartient au registre du policier.

   C'est finalement toujours autour de la sexualité et donc du corps, que tout se joue. La sensualité et le plaisir partagé ne s'embarrassent pas de tabous comme l'illustre L'été des martinets, qui traite de relations entre une adulte et une adolescente, que la prose de Joëlle Wintrebert permet d'aborder avec sensibilité et délicatesse. Le thème, sulfureux s'il en est, plaide pour la sincérité des sentiments : ailleurs, l'autrice est impitoyable avec les dépravés qui usent de leur position pour satisfaire leurs besoins. Sensualité et poésie sont également au rendez-vous de Crépuscule, où une femme empruntant le corps d'un rapace survole les paysages méditerranées.

   Joëlle Wintrebert ne cède pas pour autant à la mièvrerie. Il affleure généralement une certaine cruauté, celle que la nature dispense en même temps qu'elle prodigue ses bienfaits. L'éclat d'une beauté souriante ne permet pas de remarquer immédiatement les griffes rentrées. Peut-être contrainte par les exigences de longueur des revues qui ont accueillis ces récits, Joëlle ne perd pas de temps. L'écriture, souvent dense, alignant parfois des phrases sans verbes, est d'une concision que la précision du vocabulaire épargne de la sécheresse. Tout est ouvragé comme un bijou, avec des éclats de poésie. Autour de ses thèmes de prédilection, qui se recoupent ou s'opposent avec des moirages intéressants, l'autrice pousse à la réflexion tout en faisant découvrir des paysages et des situations avec l'élégance qu'on lui connaît. Dans la Couvée de filles un texte vous parlera forcément.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 30/10/2024 nooSFere

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