À Ballynagall, en Irlande du Sud, l'arrivée des Anderson n'attire guère l'attention. Ce sont des gens discrets, aimables, souriants, qu'on voit très peu et qui sortent rarement de chez eux, sauf pour faire des promenades sur la lande et y filmer le paysage.
Puis des questions se posent : quelle est cette étrange lumière bleue qui, certaines nuits, s'échappe du toit des Anderson ? Pourquoi s'intéressent-ils tant au château des O'Shea, ce château transformé en clinique psychiatrique ? Quelle est la langue dont ils usent entre eux, une langue inconnue des hommes ?
Certains parlent d'espionnage. Mais a-t-on jamais vu des espions se déplacer en famille ? Et puis, des espions à Ballynagall, pour quoi faire ?
Mais s'ils ne sont pas des espions, qui sont vraiment les Anderson ?
Critiques
Bailynagall est un petit village d'Irlande du Sud dont les habitants se disent plus Irlandais que partout ailleurs en Irlande, fiers de leurs patronymes qui commencent tous par le 0' rituel, ils défendent avec cœur leurs traditions ancestrales. Et certains soirs de beuverie, tandis qu'à l'extérieur l'irish mist recouvre la lande, on peut reconnaître à travers la fumée qui obscurcit la taverne du vieux Patrick O'Neal tout ce que le village compte de personnalités : le maire Herbert O'Leary, Ted O'Bannion le chef de la police locale, Terry O'Donneghue l'écrivain de romans d'espionnage...
C'est dans ce décor tout droit sorti de L'homme tranquille de John Ford que surgit l'étrange avec l'arrivée des Anderson, les nouveaux locataires de la villa Seagull. A quelles inquiétantes expériences se livrent-ils la nuit venue ? Quelle langue mystérieuse parlent-ils entre eux ? Pourquoi s'intéressent-ils autant à la clinique psychiatrique du domaine des O'Shea ? Terry O'Donneghue est convaincu que les Anderson, et en particulier la belle Susan, ne sont pas des espions. Mais alors, qui sont exactement les Anderson ?
Neuvième roman signé Christopher Stork, ce livre se lit vite, tant le style file sous les yeux comme un fleuve courant à la mer. C'est là une qualité importante pour un écrivain populaire. Par ailleurs, l'atmosphère irlandaise est bien rendue, par petites touches, par des réflexions, si bien qu'on se croirait dans un des romans fantastiques de B.R. Bruss (qui vient de mourir, encore un grand bonhomme qui disparaît !) comme Le bourg envoûté, que le Fleuve vient de rééditer en « Super-luxe », soit dit en passant. Le problème est ailleurs : Stork agit un peu comme s'il craignait de « surcharger » son roman, alors il se contente d'exploiter un thème unique (celui des anges déchus exilés sur la Terre et attendant un Messie ou quelqu'un d'approchant) qui mène sans surprise vers une fin déjà lue. Pourtant c'est un petit bouquin bien ficelé, avec un rien de nostalgie qui rend la sauce agréable.