GRAMA
(Bruxelles, Belgique), coll. Le Passé du futur n° 3 Dépôt légal : 1994, Achevé d'imprimer : mars 1994 Réédition Roman, 256 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-930091-02-9 Format : 12,2 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Dépôt légal belge : D/1994/6530/03
Couverture à rabats
Verne, prophète visionnaire, chantre de la Science, moderne avant l'heure ? Oui, mais pas ainsi qu'on l'entend communément. Verne, l'écologiste avant la lettre, plutôt, aussi inattendu que cela puisse le paraître. Moderne, non pas parce qu'il a fait l'éloge de la science, mais parce qu'il en a dénoncé les possibles abus. Moderne aussi par son Sans dessus dessous, paru trop tôt pour un public pas encore mûr pour le comprendre. Son inimitable mélange de gouaille parisienne et de sérieux scientifique, de souriante gaieté et d'optimisme masquant l'angoisse de ce dont les hommes en général et les savants en particulier pourraient être capables, valent infiniment d'être replacés à l'avant-plan.
Robert POURVOYEUR
Le Passé du Futur
D'utopies en univers insolites,
les plus grands écrivains, ces rêveurs ont exploré des domaines
qui ne leur étaient pas accessibles.
Précurseurs ou visionnaires,
ils ont au fil de leurs pages imaginé
des mondes passionnants, des cieux étranges...
Par sa collection Grama se propose de vous faire découvrir
les textes étonnants de ces hommes qui s'interrogèrent
Publié en 1889, Sans dessus dessous,qui fait revivre 20 ans après les personnages du cycle de la Lune (Barbicane et autres membres du « Gun Club »), n'eut aucun succès du vivant de son auteur ; oublié, le livre n'est même pas recensé par le Livre de Poche... Cela s'explique : Jules Verne s'y auto parodie allègrement, détournant systématiquement les constantes de son œuvre. Loin des « Voyages Extraordinaires », l'aventure ici reste confinée à des bureaux et salles de conférences ; loin du succès, elle se termine par un échec risible ; loin d'être des héros, les personnages sont de dangereux irresponsables constamment tournés en dérision. Surtout, l'inventeur de la science-fiction capitaliste démythifie les motivations de ses créatures, qui achètent le pôle nord afin d'en exploiter d'hypothétiques gisements de houille, et veulent pour cela faire fondre les glaces en faisant basculer la Terre sur son axe (« Ah ! s'il n'y avait eu à disparaître sous les nouvelles mers que des Samoyèdes ou des Lapons de Sibérie, des Fuéggiens, des Patagons, des Tartares même, des Chinois, des Japonais ou quelques Argentins, peut-être les Etats civilisés auraient-ils accepté ce sacrifice ? »). Enfin, l'auteur se montre tout au long du récit d'une grande drôlerie, qui va du clin d'œil (CH. IV : « Dans lequel réapparaissent de vieilles connaissances de nos jeunes lecteurs ») à l'incongruité (« On aurait entendu marcher une fourmi, nager une ablette, voler un papillon, ramper un vermisseau, remuer un microbe ».) de la satire (« Mais il n'y a plus d'Ile déserte de nos jours ; les Anglais ont tout pris ») au surréalisme peut-être involontaire (« En réalité, la Terre doit être considérée comme une masse de fer plus ou moins carburé à l'état de fluidité ignée... »). Mais toutes ces tendances sont bien mieux analysées par François Raymond dans sa pertinente postface. Voilà en tout cas une exhumation qui réjouira non seulement les fanatiques de tonton Verne, mais aussi la plus grande masse des lecteurs...