Colin Wilson, écrivain anglais aussi fécond que divers, est l'auteur d'essais sur la criminologie, le surnaturel. Il a abordé avec non moins de succès la science-fiction.
Retour de mission, le vaisseau du commandant Carlsen rencontre un immense astronef, masse sombre et immobile dans l'infini de l'espace. Une épave vide sans doute...
Pas exactement : les hommes de Carlsen y découvrent une trentaine de créatures d'apparence humaine, en animation suspendue. Trois d'entre elles — un homme et deux femmes — seront ramenées sur Terre, mais Carlsen est loin de se douter des conséquences atroces de ce « transfert ».
Dès leur réveil, les mystérieux passagers de l'astronef révèlent leur nature : ce sont des vampires, affamés d'énergie vitale, et pour leurs victimes c'est la mort immédiate.
La destruction des « monstres » est aussitôt décrétée mais l'une des femmes s'échappe. D'autant plus dangereuse qu'elle est extraordinairement belle.
Colin Wilson écrit beaucoup, un peu de tout, mais ce n'est qu'occasionnellement un auteur de SF. Il a déjà écrit en 1967 The Mind Parasites et il propose ici ce que je pense être son second roman de SF. C'est un ouvrage qui aurait pu tourner au cliché : tout y est. Découverte d'astronef inconnu, sorte de cadavres immortels, belle vampire qui s'échappe et sème la terreur, poursuite, recherche de cas anciens de vampirisme sur les traces célèbres (ici le comte Magnus). Item, un héros solide et pur, ajoutez un zeste d'amour, un peu d'érotisme Scandinave et une séquence à l'asile psychiatrique. Et un happy end. En toile de fond : le monde du XXIe siècle, unifié : mais avec un premier ministre britannique et Scotland Yard prêt à téléphoner à Sherlock Holmes. Malgré cet amoncellement de déjà vu, cela peut se lire sans ennui, grâce au métier de l'auteur. Et sans une distanciation trop ironique non plus. Cette simplicité fait un peu l'effet d'un bain de Jouvence. D'autant qu'il s'y trouve quelques idées intéressantes : celle du vampirisme bienfaisant. Le vampirisme est normal, ce qu'on en connaît sous ce nom n'est qu'une variation pathologique. Le vampirisme bienfaisant c'est quand, par exemple, par des caresses, des baisers, des accouplements, on échange des forces vitales : chacun se nourrit de l'autre, et vice-versa. Vampires, mes frères et mes sœurs... Cela est fort bien illustré par des scènes très saines. Autre moment très beau, la rencontre des astronautes et de l'astronef. Et, immense cathédrale d'une esthétique rappelant — de loin — l'horrible et incompréhensible beauté des cités lovecrafiennes. Peut-être moins fort que les deux premiers de la série Terre planète impérialede Clarke et la Ruche d'Hellstroemde Herbert mais un bon livre pour les vacances.