Henry KUTTNER Titre original : Fury / Destination Infinity, 1950 Première parution : Astounding Science Fiction, mai à juillet 1947. En volume : Grosset & Dunlap, Science Fiction Classics, 1950ISFDB Traduction de Jean-Claude DUMOULIN Illustration de Wojtek SIUDMAK
POCKET
(Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5023 Dépôt légal : 2ème trimestre 1978, Achevé d'imprimer : 8 juin 1978 Réédition Roman, 258 pages, catégorie / prix : 3 ISBN : 2-266-00516-2 Format : 10,8 x 17,7 cm✅ Genre : Science-Fiction
Au-delà des nuages de Vénus, la Terre brillait avec toute la froideur d'un astre mort. Six cents ans s'étaient écoulés depuis sa destruction. On était au XXVIIe siècle. L'humanité vénusienne, réfugiée sous les immenses dômes impénétrables des Garderies, subissait le règne des Immortels. La science avait mis au point les voyages interplanétaires, créé sous les mers des milieux artificiels. Elle avait aussi répandu le bien-être et la sécurité. Mais dès que les cités sous-marines furent achevées l'aube de Vénus se mua en couchant, car la vie des Garderies était devenue d'une monotonie écrasante. Et bientôt les hommes recommencèrent à chanter les ballades des Francs Compagnons. Et la force prodigieuse de Sam Reed, le Messie des Temps Nouveaux, vint éveiller en eux la nostalgie d'un âge épique.
Henry KUTTNER (1914-1958) aborda successivement le roman policier, le fantastique et l'aventure avant de se consacrer à partir de 1937 à la Science-fiction. Il a écrit plus de 200 nouvelles et près d'une vingtaine de romans, la plupart en collaboration avec C.-L. Moore qu'il épouse en 1940. Parmi les dix-sept pseudonymes utilisés par Henry Kuttner, les plus connus sont ceux de Lewis Padgett (Deadlock, le Twonky, Tout smouales étaient les Borgroves) et de Lawrence O'Donnell (Vénus et le Titan).
Critiques
SALUT, SAGA ?
Naturellement, vous autres fidèles-lecteurs-de-SF, depuis le commencement des Temps, vous connaissez ce roman. D'accord, mais après tout, vous n'êtes pas les seuls, il y a les petits nouveaux tremblants, impressionnés, ralliez-vous à mon panache noir, je suis des vôtres, je roule pour vous. Et je vous conseille, sans blague, de vous jeter sur ce livre, qui narre talentueusement une bien belle saga, en 249 pages imprimées plutôt mini. Ecoutez ça : la Terre, on n'en parle plus, elle est ratatinée depuis belle lurette, polluée, machinée, essorée, laminée, bouzillée, bref, complètement naze. A présent, l'humanité vit sur Vénus. Sous la mer, dans les immenses dômes des Garderies. L'humanité, c'est principalement les Familles (immortelles, anciens survivants contaminés de bien chouette façon puisque la contamination égale l'immortalité) qui dirigent le monde, et les sujets normaux, ceux qui meurent connement vers soixante-dix ans. C'est aussi les rares Francs Compagnons d'antan, qui avaient commencé la colonisation des territoires de Vénus. C'est la monotonie d'une vie parfaitement réglée, dans laquelle tout est prévu, toujours. Et dans tout cela, voici Sam Reed. Pauvre Sam, trafiqué biochimiquement dès sa naissance parce que son père, un immortel cinglé de la famille Harker (une des plus puissantes) n'a pas tenu le coup à la mort de son épouse quand celle-ci donna naissance au rejeton. Pauvre Sam Reed/Harker ; à la recherche de son identité, nouveau Messie marqué par le destin...
Tout cela paraît bien classique (et ça l'est), mais c'est tellement bien raconté, mes enfants... On passe sur la lourdeur de certaines tournures de phrases (mais après tout, hein, qui est parfait ?) pour se laisser porter avec un égal bonheur tout au long de cette Aventure, avec un grand A, et on suit, sans se lasser jamais, la queste superbement héroïque de Sam. D'accord, ça sent parfois l'apologie de l'homme-chef-messie, pourtant Sam Reed est suffisamment salaud-pousse-toit-de-là pour n'en pas paraître inconditionnellement sympathique. Pitoyable, certes. Et même, manipulé lui aussi comme les copains. L'homme-chef, il est ailleurs, sous un masque, comme toujours. Méfiance, camarades — les cartes abattues, c'est toujours truqué.
Si j'en avais le courage, je vous signalerais des passages particulièrement forts, ou je ferais une étude en trois volumes de ce roman.
Sans blagues : Vénus et le Titan, n'oubliez pas. Une très bonne démonstration d'une certaine SF — pour Saga-Fiction. Bon appétit.