Certains l'appellent Dilvish le Damné. On dit qu'il a rencontré son cheval métallique en enfer. Il blasphème des dieux oubliés des prêtres et semble surgi d'un passé lointain. Meliash, le gardien, le voit sans surprise : beaucoup d'aventuriers ont déjà revendiqué le Château Sans Age. Aucun n'est revenu. Mais ceux-là voulaient maîtriser Talua, le dieu fou aux superpouvoirs enfoui sous le château. Dilvish, lui, a juré la mort du sorcier Jelerak, maître de Talua. Rien de moins. Le gardien lui souhaite bonne route.

Devant lui, des formes ayant l'inconsistance des songes. Des ombres qui tourbillonnent dans la brume. Un paysage qui ondule, vibre et vacille. La terre devient mouvante au voisinage de Talua. Plus loin se dresse le Château Sans Age, ce lieu hors du temps accroché à un coin du monde. Œuvre des Dieux Antiques, indestructible et changeant, il sera encore debout à la consommation des siècles. Dilvish y affrontera les pires cauchemars — y compris ceux qui reviennent de ses vies antérieures.

 

Né en 1937 à Cleveland (Ohio), l'auteur du Maître des Ombres est un brillant styliste de la S.F. américaine. Un Livre d'Or lui a été consacré par Marcel Thaon.

     Un inédit de Zelazny chez Presses Pocket ? Il y a là de quoi se réjouir, même si Terre Mouvante ne fait pas partie des œuvres majeures de l'auteur. On ne peut certes pas la comparer avantageusement à L'Ile des Morts, ni à Royaumes d'Ombre et de lumière.

     Le roman met en scène Dilvish le Damné, personnage que Zelazny a repris dans une dizaine de nouvelles (réunies en recueil dans Dilivish the Damned, New York, Ballantine, 1982) et qui, s'il ne possède pas l'aura surnaturelle des Princes d'Ambre, n'en incarne pas moins un héros/magicien de forte carrure.

     Situé au cœur des terres mouvantes où le danger emprunte les formes supraréelles et éphémères de la folie, le Château sans Age nargue l'ambition des magiciens. Combien de sorciers, combien de mages s'y sont aventurés et n'en sont pas revenus ? La Société s'est définitivement résignée à ne plus les compter.

     Pourtant, tous les paramètres présidant à l'inéluctable échec des tentatives précédentes changent le jour où apparaissent Dilvish et sa sombre monture Black. Le couple cherche Jelerak, le maître des lieux que l'on dit convalescent, pour le tuer. Ils ont leur raison ; c'est une très vieille histoire qui remonte à deux siècles.

     Mais le chemin est long qui mène vers la vengeance tant souhaitée. Car même si Dilvish le Damné réussit à franchir les portes du Château sans Age, il lui restera à surmonter une ultime épreuve, la plus terrible, la plus singulière...

     On peut se demander pourquoi Zelazny a abandonné le personnage de Dilvish (créé en 1965 dans Fantastic n° 52) pendant près de douze ans. Peut-être que la pression de ses lecteurs a été pour quelque chose dans cette tardive reprise. On ne peut que souhaiter une suite à ce roman qui, passionnant de bout en bout, se classe parmi les plus riches œuvres de Fantasy, juste derrière les quelques chef-d'œuvres du genre.

     L'année 1986 commence bien pour Zelazny, en France, avec la parution simultanée de Terre Mouvante et du Livre d'Or que vient de lui consacrer Marcel Thaon. Ce feu d'artifice zelaznyen chez Presses Pocket annonce peut-être la sortie prochaine en langue française de la nouvelle saga des Princes d'Ambre dont le premier volume, Trumps of Doom, est déjà paru aux Etats-Unis l'année dernière.