C'était en 1998. Tout était calme et normal cet après-midi-là, lorsque, vers trois heures, l'événement éclata. Dans les conduites d'eau du monde entier, les myriades de microbes se mirent à grandir. Les villes furent envahies, puis les rivières, les fleuves. Une marée de germes mortels submergea la Terre. Quelques milliers d'humains seulement parvinrent à quitter leur planète pour débarquer sur un autre monde. Là une déception nouvelle les attendait : la nature était résolument hostile à la présence de l'homme.
Et l'exode continue, implacable, parce que sur tous les mondes où ils débarquent les hommes retrouvent ce gigantesque complot qui semble être tramé contre eux. Poursuivis sans poursuivants, exténués, rompus, ils rencontrent enfin les Sconges.
Qui sont-ils, d'où viennent-ils, ces êtres si beaux, si semblables aux hommes, à peine plus indolents, avec leur désir de venir en aide aux rescapés de la Terre ? Ils leur ouvriront une dernière porte — mais la porte donne-t-elle sur une véritable issue ?
L'auteur, qui a déjà écrit des contes fantastiques, a réussi, tout au long des pages de ce roman, à nous faire vivre les angoisses des fugitifs, à nous tenir en haleine. Il a su intégrer, dans le domaine de l'anticipation, une notion réservée jusqu'à présent aux romans policiers ; celle du suspense.
Critiques
Un jour – nous sommes en 1998 – l'humanité se réveille avec les conduites d'eau du monde entier pleines de microbes et, bientôt, c'est une véritable avalanche de germes mortels. D'abord, les hommes tentent de se défendre, mais que peuvent-ils faire contre un ennemi qui résiste à tout – feu, poison, gaz ? Finalement, il ne reste d'autre ressource que d'aller se réfugier sur une autre planète – en l'espèce Mars. Voyage difficile, voyage périlleux car, en fait, les gens de 1998 sont à peine plus avancés, techniquement parlant, que ceux de 1956. Finalement, quelque 6.000 hommes, femmes et enfants atterrissent sur l'astre rouge (une coïncidence a voulu que je lise l'ouvrage le jour même où Mars s'était le plus rapproché de la Terre, en septembre), mais là commencent d'autres ennuis – les « mirages ». Finalement les survivants sont obligés d'aller de planète en planète, jusqu'au jour où ils rencontrent les Sconges, des êtres ayant l'apparence humaine et, pourtant, se distinguant de nous par quelques petits détails. Veulent-ils du bien aux malheureux astronautes ? Vont-ils, au contraire, se révéler leurs pires ennemis ?
Tel est, brièvement schématisé, le thème de « La sortie est an fond de l'espace » de Jacques Sternberg (Ed. Denoël) que les lecteurs de « Fiction » connaissent autant pour ses contes que pour ses ouvrages dont « Fiction » a parlé. C'est un très beau livre, qui avait sa place tout indiquée dans la collection « Présence du Futur ». Mais c'est aussi un livre amer, pessimiste, presque nihiliste. En le lisant, je me disais qu'il est d'une tendance d'esprit assez semblable à celle d'un Dostoïevsky, par exemple. Chose curieuse, nos auteurs – je veux dire les auteurs européens de SF – sont toujours enclins à donner dans le pessimisme, alors que celui-ci est beaucoup moins affirmé chez les Américains (je parle des écrivains de valeur, bien sûr, car dans un « space-opera » on trouve rarement une « tendance d'esprit », quelle qu'elle soit) et tout à fait inexistant chez les Russes contemporains. Ceci dit, Sternberg sait aussi introduire une pointe d'humour aux moments voulus et cela dilue un peu l'amertume de son roman, par ailleurs superbement écrit. Recommandé.