« C'est ma première nuit sur Terre. Et c'est une sacrée nuit, pour l'instant. Je suis allée en ville, j'ai vu un concert, j'ai même enlevé mon premier Terrien. C'est toi, évidemment. Eh oui, on est en pleine catastrophe et tu en fais partie. Tu es partant pour une séance de rock'n'roll ? »

     Baby, Lati et Doll, trois jeunes créatures de la planète Nufon, débarquent sur la Terre en quête de sexe, de drogue et de rock'n'roll. Nées de l'union de Nufoniens et de Terriens, elles se démarquent incontestablement des leurs et décident un jour de retrouver leurs vraies racines.

     Dès leur arrivée à Sydney, elles kidnappent des Terriens pour tenter quelques expériences sexuelles. Le premier de la série se prénomme Jake. Alors que Doll et Lati poursuivent leurs découvertes et assouvissent leurs fantasmes, Baby tombe amoureuse de Jake...

 

     Linda Jaivin

     Journaliste australienne et écrivain hors normes, Linda Jaivin a inventé un nouveau genre bien à elle : l'érotico-comico-féminisme. Après le succès de Mange-moi, traduit en onze langues et publié aux Editions J'ai lu, la voici de retour avec son nouveau best-seller.

     Tout est dans les titres. Le français, un peu ; l'original, australien, beaucoup : Rock'n roll babes from outer space. Bref, d'un côté, un style de feuilleton télé, de l'autre les films de série Z, des pépées (mon dictionnaire date un peu) et du rock. Et il y a bien tout ça. Plus autre chose, qui n'est pas la betterave chère aux Tontons Flingueurs.

     Tout est dans les titres et sur la couverture, où on remarquera une fusée qui eut laissé rêveur Sigmund Freud. À partir de là, vous pouvez tout imaginer. Et vous n'auriez pas tort. C'est exactement n'importe quoi. Avec jubilation. Les extraterrestres issues d'amours antérieures avec des Terrien(ne)s, façon X-files, s'ennuient sur des planètes tristounettes, et elles viennent pour ce que notre bonne vieille planète offre de mieux, les seules choses en fait qui puissent les y intéresser : sex, drugs and derechef rock'n roll. Elles ont tendance à changer d'apparence, leur physiologie leur fait dévorer du métal ou de la faïence sanitaire, et leur talent en fait des stars. Le tout engendrant une redoutable pagaille. Laquelle culmine peut-être avec l'explosion de l'astéroïde Éros, dont les retombées ont quelque effet, au point que gouvernants et gouvernantes ( ?) se mettent illico à se faire réellement entre eux ce que l'auteure juge qu'ils font habituellement, et métaphoriquement, au reste de la population. On ne fera pas de dessin. D'autant que ce n'est vraiment qu'une annexe de l'histoire, car il y en a tout de même une.

     Dire que tout cela est perpétuellement de très bon goût ferait sans doute subir quelque entorse à la réalité. Mais c'est réjouissant (et ceux qui n'aiment pas peuvent se consoler avec les œuvres complètes de M. Raffarin). Le roman ne semble guère avoir été repéré par les amateurs de SF, lorsqu'il est paru en 2000 chez Florent Massot. Puisqu'il est réédité, toujours hors collection, qu'il passe de nouveau inaperçu serait regrettable, moins pour des neurones assez moyennement sollicités que pour des zygomatiques bien davantage mis à contribution.