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Miso Soup

MURAKAMI Ryû

Titre original : In the Miso Soup, 1997
Traduction de Corinne ATLAN
Illustration de Christophe LUXEREAU

Philippe PICQUIER
Dépôt légal : mars 1999
Première édition
Roman, 242 pages, catégorie / prix : 125 FF
ISBN : 2-87730-425-6



Quatrième de couverture
     Kenji, un jeune Japonais de vingt ans, gagne sa vie en guidant des touristes dans le célèbre quartier louche de Kabukichô, à Tôkyô. C'est en compagnie de Frank qu'il parcourt durant trois nuits les lieux de plaisir de Shinjuku : trois nuits de terreur auprès d'un meurtrier inquiétant avec qui il joue au chat et à la souris. Ce roman court et percutant laisse une sorte d'amertume, un goût métallique pareil à celui du sang qui imprègne ces pages minutieuses décrivant — comme l'auteur l'avait magistralement fait dans son roman Les Bébés de la consigne automatique — l'agonie d'un monde sans âme et voué à la solitude.
     « La littérature, nous dit Murakami, consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots... En écrivant ce roman, je me suis senti dans la position de celui qui se voit confier le soin de traiter seul les ordures. »
Sommaire
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1 - Postface, pages 237 à 238, postface, trad. Corinne ATLAN
Critiques
     Si le tueur en série est devenu, au fil des ans, un des motifs préférés de la série B, qu'elle soit littéraire (Thomas Harris) ou cinématographique (Copycat, Scream, etc.), il est agréable de voir que la grande littérature s'intéresse avec plus ou moins de bonheur au symbole, à sa mécanique (meurtres, enquête, motivations du tueur, modus operandi). Parmi les réussites majeures, on citera Lune Sanglante de James Ellroy, L'Aliéniste de Caleb Carr, Un Enfant de dieu de Cormac McCarthy ; d'autres chercheront plutôt du côté de Bret Easton Ellis et de son insupportable American Psycho. Ce serait enterrer un peu rapidement Miso Soup de Murakami Ryû, sans aucun doute l'un des romans les plus fins jamais écrits sur les bas-fonds de Tokyo et le phénomène de la prostitution lycéenne (qui n'a aucun équivalent dans les autres pays du monde). L'histoire ? Kenji a vingt ans, il sert de guide aux touristes étrangers intéressés par les love-hôtels, salons de massage, bars sans culotte et autres peep-shows avec « service spécial ». Dans ce monde de perdition où la jeunesse japonaise touche le fond sans jamais oublier de sourire, Kenji guide Frank, l'affranchit. La routine, sauf que Frank, un américain mythomane, pourrait bien être le tueur en série qui ensanglante Tokyo depuis quelques jours en démembrant ses victimes (une façon peu japonaise de tuer, nous apprend le narrateur). Alors commence un jeu morbide, cruel, entre Frank, la vérité et Kenji qui a besoin de l'argent de Frank pour vivre, veut protéger sa petite amie (dont Frank prend régulièrement des nouvelles) et a tout aussi besoin de comprendre qui il est réellement. Car c'est bien de réalité dont il est question ici, tout cela est-il réel ? Est-ce que les actes d'un tueur en série ne sont pas, par essence, irréels ? Et si — au contraire — ils étaient des symptômes de normalité ? Roman époustouflant de bout en bout, véritable thriller avec bout de peau de clochard incendié collé à la porte de l'appartement en tant qu'avertissement, dialogues à double-sens, menaces explicites, massacre d'anthologie (page 138 à 156), Miso Soup est surtout une plongée nietzschéenne dans le fameux « quand tu regardes l'abysse, méfie-toi, car l'abysse regarde en toi ». Un peu comme Peter Hoeg avait détourné les ficelles du thriller médical pour écrire Smilla, l'un des plus beaux portraits de femme de la littérature moderne, Miso Soup détourne les règles du « thriller à la Seven » pour nous parler du monde moderne et des monstres qu'il crée. Le meilleur livre jamais écrit sur les tueurs en série ? Peut-être. Du moins un des plus érudits, des plus intelligents. Quant à ceux qui n'ont jamais lu Murakami Ryû et aiment la littérature qui secoue les tripes, ils peuvent aussi se ruer sur Bleu presque transparent et Les Bébés de la consigne automatique : le premier raconte l'odyssée immobile de quatre jeunes japonais qui se droguent, se prostituent au quotidien pour survivre dans un monde dont ils acceptent inconsciemment l'insupportable américanité ; le second décrit avec minutie la société japonaise actuelle, dénuée d'âme, déracinée, vouée à l'empilement des solitudes.

CID VICIOUS
Première parution : 1/10/2000 dans Bifrost 20
Mise en ligne le : 12/10/2003

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