Soz est une merveille de la technologie cybernétique. Son corps et son cerveau sont bourrés de systèmes bioméca. Elle est aussi Principale de l'élite des forces spatiales Jagernautes skoliennes, un Rhon qui possède des pouvoirs psychiques rares, et... héritière impériale. Alors pour Soz, rien n'est jamais simple.
Grâce au psiber-espace, l'empire Skolien maîtrise les communications supraluminiques, et gouverne un tiers de la galaxie civilisée. Quand Soz, en mission avec son escadron, croise un Aristo, un membre de l'élite de l'empire rival des Troqueurs, ce sera le début d'une longue bataille. Contre la haine de ses ennemis. Contre les traditions de son peuple. Et contre elle-même.
« Une aventure exaltante, riche en action. L'un des meilleurs premiers romans de SF depuis des années. »
Booklist
Née à Oakland, en Californie, Catherine Asaro est titulaire d'un doctorat de physique-chimie et d'un master de physique à Harvard. Mélange détonant de hard science, de romanesque, et d'aventures épiques, Point d'inversion ouvre la Saga de l'Empire Skolien(huit romans à ce jour, pouvant être lus séparément). Traduite pour la première fois en France, Catherine Asaro a reçu en 2001 le très convoité prix Nebula du meilleur roman de science-fiction.
Critiques
Vous savez ce qu'il y a de frustrant quand vous finissez un bon roman ? Savoir qu'il y a sept autres volumes qui vous attendent, mais en version anglaise ! Voilà ce qui se produit pour Point d'Inversion, premier opus d'une saga qui en compte aujourd'hui huit !
Les éditions Mnémos nous proposent donc le premier volet, paru en 1995, qui nous plonge dans l'Histoire de l'Empire Skolien, un univers tout à fait typique du space opera, truffé de cyborgs, de vaisseaux spatiaux, de princes, de princesses et d'amours impossibles. Et non, ce n'est pas gnangnan, même si on flirte de temps en temps avec un romantisme légèrement « kitsch ».
Résumons : un peuple extraterrestre s'est emparé d'une poignée d'humains il y a 6000 ans, puis les a déposé sur Raylicon sans autre forme de procès. Ce groupe a développé des qualités empathiques particulières, qu'un savant nommé Rhon a tenté de recréer par manipulations génétiques. Le résultat actuel, l'auteur étant assez flou sur ce qui s'est passé entre temps : un « Empire Skolien », gouverné par une Triade d'esprits constituant un réseau de communications ultrarapides, basé sur la télépathie et l'empathie, et qui ne fonctionne que grâce à la présence d'un « psion » Rhon dans le système. Mais les expériences génétiques du savant ont aussi donné naissance à une race fondée sur l'insensibilité à la douleur, les Eubiens, qui sont en fait des empathes inversés, ne tirant de plaisir que de la souffrance des autres. Cette race, celle des « Aristos », aussi appelée « Troqueurs », est l'ennemie héréditaire des Skoliens. Une troisième faction entre en jeu dans la politique galactique : les Alliés, c'est-à-dire les Terriens, qui ont fusionné depuis le XXIe siècle avec les Skoliens, mais demeurent tout de même un peuple à part entière, indépendant sur l'échiquier politique. Voilà pour le décor.
Sauscony est héritière de la famille impériale skolienne, pressentie pour succéder à Kurj sur le trône de l'Imperator. C'est aussi une Jagernaute, commando d'élite cyberadaptée, télépathe, empathe et « psion » Rhon. Et, ce qui n'arrange rien, c'est aussi, eh oui, une femme... C'est le mélange de ces trois éléments qu'étudie l'auteur, mêlant scènes de combat, intrigues politiques et problèmes sentimentaux de son héroïne.
La première partie du roman, qui en compte trois, démarre sur les chapeaux de roue grâce à une écriture à la fois limpide et drôle, qui reprend les canons du space opera traditionnel tout en créant un univers original et complexe, tant sur le plan sociopolitique que culturel. Interfaces biomécaniques, I.A. et trottoirs en nervoplex coexistent en bonne entente dans une société au luxe parfaitement « décadent », gérée par un système politique tyrannique à la tête duquel se trouvent des « psions » que ne renierait pas Van Vogt... Catherine Asaro réussit là la gageure de distiller les nombreuses informations nécessaires à la bonne intelligence du récit avec élégance, sans entraver la marche de l'intrigue ni créer de digressions indigestes. Chapeau bas, parce que l'univers mis en place est aussi riche que touffu. La grande scène de combat, qui clôt cette partie et dont je veux bien manger mon chapeau si elle n'est pas été écrite en écho aux chasseurs Rebelles de Star Wars, reste malheureusement difficile à suivre, parce que très (trop ?) dense.
La seconde partie, « Camp Foreshire », est nettement plus lente, alors que l'on suit les réflexions de Soz, éloignée des unités de combat après cette dernière bataille. Moments difficiles, qui l'amènent à revenir sur son passé, ses désirs profonds, à rechercher l'aide du « requinqueur » et la compagnie des humains, mais aussi à définir enfin quel avenir elle veut vraiment construire...
« Diesha », volet qui porte le titre de la planète où se trouve le « QG » du gouvernement skolien, nous ramène à la politique. Parce que, ce que vous ne savez pas encore, c'est que l'héritier du trône des Eubiens, Jaibriol, qui accède alors au pouvoir, n'est pas franchement dans la plus pure lignée génétique de règle dans cet empire. En fait, c'est un mutant. Pire : un « Rhon », cette denrée génétique si rare dans l'univers. Et cela, Soz le sait : les Rhon s'attirent réciproquement... Mais la Triade skolienne ne voit pas d'un bon œil un quelconque rapprochement avec les Aristos, et Jaibriol ne peut en aucun cas avouer sa « tare » génétique à la face de son peuple, qui le lyncherait sans hésitation. Alors... ?
Trois parties, qui recoupent en fait les trois éléments de la Triade skolienne : le Poing, le Cerveau et le Coeur — le combat, la politique et l'amour, en montrant comment, à chaque moment, ils s'interpénètrent, aucun ne pouvant fonctionner sans les autres. L'idée n'est pas neuve, certes, mais elle est traitée ici sans en passer par des manifestes politiques ou philosophiques : l'histoire et les personnages parlent d'eux-mêmes.
Voici un texte comme on les aime : créatif, dynamique, qui donne envie de lire la suite, tout simplement. D'ailleurs, pour les anglophones désireux de se faire une idée de la suite en question, le site <sff.net> propose dans sa « people page » consacrée à Catherine Asaro, de larges extraits des romans du cycle déjà parus — en général les trois ou quatre premiers chapitres, sauf pour les plus récents. Quant aux autres, il leur faudra pour l'heure se contenter de ce seul Point d'Inversion, mais c'est déjà quelques belles heures en perspective...
Ce premier roman de Catherine Asaro est le point de départ de la Saga de l'empire Skolien, une série de space opera qui compte déjà 8 tomes en langue anglaise (l'un d'eux, The Quantum Rose, a obtenu le Prix Nebula en 2002).
Le personnage principal est Sauscony Valdoria (plus familièrement Soz), Principale d'un escadron de Jagernautes, guerriers-empathes dont les capacités physiques et mentales sont augmentées par des implants biomécaniques, et qui forment l'élite des forces spatiales de l'imperium skolien au XXIIe siècle. Soz appartient également à la famille régnante des Skolia et elle est même l'héritière désignée de l'imperator. La dynastie tire son pouvoir du fait que ses membres, psions télépathes, sont les piliers essentiels du Réseau skol, un moyen de communication instantanée à travers les espaces interstellaires. Leurs ennemis sont les Troqueurs, produits d'expériences génétiques qui ont trafiqué leurs dons empathiques, si bien qu'ils captent les sensations de douleur, conduites directement à leurs centres de plaisir cérébraux. Cela fait d'eux des sadiques qui se délectent en torturant les empathes normaux (qu'ils surnomment les « donneurs ») et leur confère une psychologie dominatrice et arrogante. Les plus puissants d'entre eux, les Aristos, ont réussi à conquérir plusieurs mondes humains, formant un empire rival. Les Skoliens, malgré leur infériorité sur le plan matériel, leur tiennent tête grâce au Réseau skol et aux talents des Jagernautes.
Or, pendant que son escadron fait une escale sur la planète neutre de Délos, Soz va croiser Jaibriol, un Troqueur qui fait apparemment partie de la plus haute caste des Aristos, mais ne se comporte pas comme tel et s'adresse à elle avec une civilité suspecte. Après avoir fait une découverte stupéfiante (Jaibriol est un psion, comme elle-même), et en dépit de toute sa méfiance envers les Troqueurs et leurs manigances (elle fut donneuse captive), elle ressent envers lui une attirance physique et mentale presque irrésistible...
C'est le début d'une histoire à la Roméo et Juliette, passablement compliquée par les affaires sentimentales de Soz avec toute une brochette d'autres hommes, ainsi que par une situation familiale et politique enchevêtrée. Catherine Asaro met patiemment en place les éléments à la base de toute la saga et fait des efforts honorables pour rendre compréhensible la technologie de cette époque (le roman est toutefois loin du summum de hard science annoncé dans la quatrième de couverture). Les transitions entre séquences d'action, scènes d'amour et expositions techniques sont parfois un peu abruptes et le milieu du livre, où Soz se morfond et consulte son psy, souffre de quelques lenteurs. Il faut aussi prévenir les lecteurs que les tomes suivants vont continuellement sauter entre les différentes générations des Skolia, et qu'on ne connaîtra vraiment le sort de Sauscony que dans le quatrième volume. Cela dit, si vous êtes une midinette plutôt fortiche en sciences et en manque d'une (faible) dose de titillation sado-maso, ces livres pourraient être votre tasse de thé...