James Graham BALLARD Titre original : The Day of Creation, 1987 Première parution : Londres, Angleterre : Gollancz, 1987ISFDB Traduction de Robert LOUIT
FLAMMARION
(Paris, France) Dépôt légal : août 1988, Achevé d'imprimer : juillet 1998 Première édition Roman, 288 pages, catégorie / prix : 95 FF ISBN : 2-08-066144-2 Format : 13,5 x 22,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Né à Shangaï en 1930, J.G. Ballard est l'auteur de fiction spéculative le plus admiré de son temps. Il est passé à une forme de "réalisme" avec son roman précédent, Empire du Soleil, dont Steven Spielberg a tiré un film et qui a obtenu en 1986 le prix du meilleur livre de l'année.
Le jour de la création
Au cœur mort du continent africain, le docteur Mallory rêve de découvrir un troisième Nil qui fera refleurir le Sahara. Un jour, au cours des travaux qu'il dirige, la souche d'un vieil arbre, délogée par un bulldozer, laisse apparaître un peu d'eau. Le ruisselet se fait rivière, puis fleuve immense, suscitant sur ses rives une végétation baroque. Le Mallory devient alors l'enjeu d'ambitions politiques rivales.
Dans ce contexte de guerre civile, le docteur Mallory entreprend de remonter jusqu'à la source de « son » fleuve, à bord du vieux ferry-boat qu'il a détourné, le Salammbô. Cette nef des fous d'un nouveau genre attire d'étranges personnages : un producteur de documentaires télévisés qui cherche à se refaire une réputation avec les malheurs du tiers monde ; son assistant indien, parfait Homo technologicus ; une jeune veuve qui a pris la tête d'un curieux harem ; Noon, enfin, l'adolescente sauvage qui connait peut-être le mystère du fleuve. Leur équipée est une remontée des eaux de la mémoire et du désir, où chaque personnage tente de retrouver les sources de son obsession à commencer par Mallory, partagé entre le désir d'aller jusqu'au bout du voyage et celui de détruire sa création.
Avec ce roman visionnaire, à la fois récit d'aventures, réflexion sur les paradoxes de la création et reconstruction médiatique du réel, Ballard défriche un territoire entièrement neuf : il invente le paysage mental de notre temps.
Critiques
Après Empire du Soleil et l'adaptation cinématographique qui en avait été faite par Steven Spielberg, on pouvait s'interroger quant au devenir de la carrière de Jim Ballard. Allait-il se tourner tout entier vers l'écriture de scénarios ou alors continuer à décrypter le réel à travers une série de fictions inspirées destinées à la publication ? La réponse nous était donné il y a quelques mois lorsque nous apprenions que paraissait outre-Manche The Day of Création, sans parvenir à obtenir cependant le moindre renseignement à son sujet. Il était dit que nous ne découvririons cette œuvre qu'à l'automne 88, chez Flammarion où officie désormais Elisabeth Gille, dans une traduction signée Robert Louit, lui aussi grand spécialiste de l'œuvre du maître...
Ballard nous invite cette fois à suivre les tribulations africaines du docteur Mallory, lequel tente malgré le manque de moyens et la guerre civile qui déchire le pays de maintenir en état de fonctionnement son dispensaire de fortune, tout en continuant à rechercher de l'eau dans le sous-sol, eau qui permettrait de vaincre définitivement la sécheresse et la famine. Jusqu'au jour où en délogeant une gigantesque souche d'arbre au bulldozer, il provoque l'apparition de quelques filets d'eau qui se transforment rapidement en rivière puis en fleuve. Il décide alors de le remonter jusqu'à sa source, à bord du Salamnbô, accompagné de Noon, la jeune rebelle, dont le destin semble lié au sien...
Avec Le Jour de la Création, roman d'aventures initiatique et onirique présentant de nombreuses similitudes avec Le Monde Englouti, La Forêt de Cristal et Salut l'Amérique ! J.G. Ballard confirme non seulement que le temps et le succès n'ont pas émoussé sa plume, mais encore qu'il demeure bien le meilleur écrivain de fiction spéculative... quelle que soit l'étiquette apposée sur ses ouvrages.